La grâce exquise des camélias d’automne
Le curieux nom de sasanqua provient du nom japonais sazanka: où sa est le thé, zan est la montagne et ka la fleur. Ce type de camélia est effectivement une plante de montagne qui pousse à l’état sauvage en sous-bois sur Kyushu et toutes les îles du sud ouest du Japon. Sa culture ornementale est attestée depuis plus de 400 ans.
Alors que la floraison du camélia japonais classique explose dès les premiers jours tièdes du printemps, le camélia d’automne se met au contraire à fleurir dès la chute des températures à la fin de l’été.
Les fleurs vont du blanc au rouge en passant par tous les tons de rose. Dans la nature elles sont simples, avec une belle touffe d’étamines. De nouveaux cultivars à fleurs doubles ont été développés plus récemment, souvent par hybridation avec C. japonica.
Voici quelques exemples blancs (dans l’ordre): ‘Narcissiflora’, ‘Narumigata’, ‘Early Pearly’, 'Hina Yuki’ et ‘Fragrance’
et quelques roses: ‘Rose de Ségur’, ‘Hiryu’, ‘Maiden’s Blush’ et 'Kanjiro’
Le camélia d’automne est assez différent de Camellia japonica, la fleur de printemps spectaculaire qui vous connaissez bien.
Le feuillage de sasanqua est nettement plus étroit et dentellé. Les jeunes pousses peuvent être bronze.
Le port est plus souple, donnant à la plante un aspect plus aérien.
Les fleurs apparaissent à l’automne, pouvant éclore d’octobre à février selon les variétés. Cette floraison précoce est un avantage dans les régions plus nordiques car il y a moins de risques de voir les boutons floraux et les fleurs détruits par des gels tardifs. C’est aussi une saison où il y a moins de concurrence au jardin, permettant à sasanqua d’attirer toute l’attention d’une véritable star.
Certains cultivars d’automne sont parfumés, contrairement aux printanières. Le parfum est peut-être la seule chose qui manque à la beauté froide et parfaite des japonica. C. sasanqua ‘Fragrance’ répand un doux parfum dans l’air humide de novembre chez Yukiko.
Bien qu’étant un arbuste de sous-bois, ce type supporte le soleil qui favorise sa floraison.
Comme ses cousins, ce camélia est une plante de terre acide. Son ph idéal se situe entre 4.5 et 5.5. Il aime une situation humide mais drainée quand même, un terrain bien humifère auquel il faudra, le cas échéant, ajouter de la terre de bruyère. Plantez le à mi-ombre de préférence, bien qu’il y ait une bonne marge de tolérance.
Où trouver ces beaux arbustes, que vous pouvez parfaitement mettre en terre maintenant? Les bons pépiniéristes et quelques fleuristes les proposent. Pour une commande en ligne, la pépinière néerlandaise Esveld.nl en propose jusqu’à 40 cultivars, tous illustrés sur leur site. Vous aurez l’embarras du choix.
A l’approche de Noël, vous aurez peut-être la chance de trouver le sasanqua ‘Yuletide’, exceptionnel par sa couleur rouge et sa floraison festive. Ici nous ne sommes plus dans les noms japonais mais suédois, yuletide voulant justement dire ‘temps de Noël’. Si vous aimez moins le rouge suédois, il existe aussi le Noël blanc italien, Camellia sasanqua ‘Bianco Natale’. Qu’il soit rouge, blanc ou rose, un Camellia sasanqua est de toutes façons un cadeau raffiné pour tout propriétaire de jardin.
Pour clore ce billet sur une note plus philosophique, cette fleur aux pétales si légères qui fleurissent et tombent en fin de saison évoque des sentiments de nostalgie de l’âge chez les japonais (un peuple âgé comme on sait). En contrepartie, ils y trouvent aussi le sentiment réconfortant de retrouver une beauté significative en hiver.