Le blues du milieu de l’été

Un bel arbuste bleu résiste à la canicule et vous remonte le moral.

L’été 2020 restera dans nos mémoires pour de multiples raisons, mais aussi pour la chaleur et la sécheresse exceptionnelles que la nature et nous-mêmes avons dû endurer. Nous avons vu les pelouses devenir paillassons, les feuilles pendouiller, s’enr…

L’été 2020 restera dans nos mémoires pour de multiples raisons, mais aussi pour la chaleur et la sécheresse exceptionnelles que la nature et nous-mêmes avons dû endurer. Nous avons vu les pelouses devenir paillassons, les feuilles pendouiller, s’enrouler ou s’assécher et tomber des arbres comme à l’automne. De nombreux arbustes sont morts, des grands arbres compromis. Il y a de quoi avoir le blues…

Dans cette désolation, quelques plantes résistent et se plaisent. Je voudrais évoquer celle qui a fait mon bonheur cet été et apportant une magnifique note de bleu dans le blues.

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L’arbuste qui m’a donné le plus de satisfaction est le magnifique Vitex agnus-castus, trop peu cultivé dans nos jardins. A tort, car cet arbuste, résistant à des températures jusqu’à -20°C, peut parfaitement s’accommoder du climat belge. Etant caduc, avec un débourrage tardif, il échappe aux gelées tardives. La floraison en juillet /août est spectaculaire, avec de magnifiques longs épis bleus. On pourrait penser à un Buddleia, mais il il se fane beaucoup plus joliment. Le feuillage, qui rappelle le chanvre, est tout à fait élégant.

Le Vitex agnus-castus standard est bleu violacé, le cultivar ‘Latifolia’ en est une version améliorée pour les jardins. La version blanche, ‘Alba’ se trouve assez facilement. D’autres cultivars existent mais demandent un peu plus de recherche, dont ‘Pink Pinnacle’ à fleurs roses ou ‘Delta Blues’.

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L’origine du nom vaut un chapitre à part entière. Vitex vient du latin viere, tresser, lier. Ceci nous révèle que la plante était utilisée en vannerie dès l’Antiquité. Agnus-castus, agneau chaste, fait référence à la croyance que cette plante pouvait calmer les ardeurs. Elle était dédiée à la déesse vierge Vesta dont les prêtresses étaient les belles vestales (vierges il va sans dire). Plus curieusement, il semblerait que l’on l’utilisât dans les lits médiévaux pour ses qualités anti aphrodisiaques…

Parmis les noms vernaculaires on trouve l’arbre chaste, le gattilier et le poivre des moines. Ce dernier nom fait référence au fruit rond et noir produit à l’automne et qui a effectivement l’aspect et le goût du poivre. Les feuilles froissées dégagent elles-aussi un parfum poivré.

Si le gattilier est capable de faire face sans flancher à tant de chaleur et de sécheresse, c’est que la plante est originaire du pourtour de la Méditerranée. En Grèce, on peut en voir de grands spécimens sauvages poussant jusqu’à sur les plages. En Belgique il faudra veiller à lui donner une place abritée et surtout éviter un excès d’humidité au pied. La plante fleurit sur le bois de l’année. Si on veut un arbuste bien dense avec une forme harmonieuse on peut le tailler comme les Hydrangea paniculata; à la fin de l’hiver retailler les branches fleuries en les raccourcissant à 2 yeux. Laissé au naturel il peut atteindre 5m de haut. Si par malheur l’hiver devait être très rude, la plante repartirait probablement du pied.

Les fleurs de Vitex agnus-castus sont une formidable source de nectar à une saison où les insectes n’ont pas grand chose à se mettre sous la langue. Les grands épis sont un véritable aimant à papillons, tout comme les Buddleia d’ailleurs. On y voit régulièrement une nuée de piérides du chou blanches (à gauche) mais la surprise a été d’observer une écaille chinée (à droite), beaucoup plus rare. Un petit bonheur de plus!

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