Bouturez sans complexes
Si vous commencez à chercher sur Internet ce que vous pouvez bouturer et quand vous pouvez le faire, vous serez vite découragés: on y trouve tout et son contraire. Or bouturer, pour un amateur, doit surtout être une aventure amusante. Vais-je réussir à produire des bébés de cette plante rare que j’ai reçue, de cet arbuste unique que je crains de perdre, de ce géranium magnifique que je voudrais distribuer à tous mes amis? Il faut se lancer et essayer. Même une réussite très partielle apporte joie et fierté.
Coupez proprement des sections non-fleuries et saines d’une quinzaine de centimètres sur la plante-mère. Préparez les en arrachant les feuilles du bas, en éliminant une bonne partie des feuilles et coupant l’extrémité.
Remplissez un pot ou une caissette avec un terreau de semis/bouturage, éventuellement allégé avec du sable. Les caissettes en frigolite du poissonnier conviennent très bien à condition que le fond soit percé (et que l’odeur ne soit pas accablante…). Faites des trous, distants de quelques centimètres, avec un bâton.
Procurez-vous, si possible de l’hormone de bouturage, sous forme de gel ou de poudre. Dans le cas de la poudre, je trempe d’abord le bas de la tige dans l’eau pour que la poudre s’accroche, puis je secoue l’excédent. Une goutte de gel peut être pressée directement dans le trou. Ici aussi, pas de stress; les hormones d’enracinement ne sont utiles mais pas indispensables.
Enfoncez les boutures jusqu’à un bourgeon dans le terreau et tassez. Arrosez bien. Vous pouvez aussi mouiller le terreau à l’avance.
Pour des boutures de persistants dont les feuilles sont assez grandes on coupe généralement les 2/3 de la feuille aux ciseaux. Le but est d’empêcher une évaporation excessive de ces jeunes pousses. Dans cet exemple il s’agit d’un Euonymus ou fusain persistant, un candidat facile. Le Skimmia et le buis le sont également. Les rhododendrons sont en revanche très difficiles.
Les géraniums et les pélargoniums sont matière de débutants; ils sont très volontaires. Les pots rentrés pour l’hiver commencent à avoir triste mine et ont formé de longues tiges. Rabattez le tout jusqu’à un bon bouton pour que la plante mère puisse s’étoffer et commencez à arroser. Prélevez les sommités et installez 3 ou 4 boutures par pot pour vous assurer de jeunes plantes vigoureuses.
Ce travail peut se faire dès que la température commence à monter.
Il reste à soigner cette nurserie. Pour cela, il faut une température si possible constante et déjà printanière. Ce qu’on peut faire en février dans le sud attendra mars-avril plus au nord. L’humidité doit être maintenue mais attention aux excès d’arrosage car, tant qu’elles n’ont pas produit leurs racines, les boutures risquent de pourrir. La couverture du pot par un chapeau en plastique ou une mini-serre permet de garder l’humidité. Les pots peuvent être gardés en serre, même froide, ou sur un appui de fenêtre (sauf plein sud).
Pour ceux qui auraient des doutes: non, je n’ai pas bouturé une ortie mais une magnifique Salvia guaranitica, en septembre dernier.
Enfin, il y a la bouture du paresseux, la bouture dans l’eau. Elle ne marche pas pour tout mais les tiges de saule ou de Cornus, laissés en vase suffisamment longtemps, émettent de bonnes racines. Jacobaea maritima, ravissant et de longue tenue en vase, se reproduit facilement de cette manière.
Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir les racines d’une pousse latérale de Yucca mis en vase pendant deux mois comme décoration!
En matière de boutures, on peut citer Guillaume d’Orange: