Les Epimedium, fleurs des elfes
L’ombre sèche, telle qu’on peut la trouver au pied des arbres ou des haies, est réputée être la situation la plus compliquée au jardin. Alors, quand il existe des plantes vraiment belles qui s’accommodent de cet habitat, il ne faut pas les bouder. C’est le cas des Epimedium, communément appelées plantes des elfes. Le genre appartient à la famille des berbéridacées, or le Berberis est également excellent à l’ombre sèche.
Comment décrire ce couvre-sol trop raffiné sans doute pour être populaire? Un feuillage ravissant, formant un tapis dense de petites feuilles étouffant toute velléité des mauvaises herbes. Des inflorescences gracieuses portant de petites fleurs voltigeantes apparaissent au printemps, en avril-mai. Cette vivace, d’origine asiatique, était surtout représentée chez nous par l’espèce E. versicolor, aux fleurs jaune pâle. Se répandant par rhizomes, ces plantes peuvent former rapidement un tapis dense recouvrant les emplacements les plus ingrats du jardin. Depuis quelques années cependant, des chasseurs de plantes ont découvert une foule de nouvelles espèces que les pépiniéristes commencent à mettre sur le marché. Nous commençons à peine à découvrir la merveilleuse diversité des fleurs des elfes et je ne puis que survoler sommairement le sujet dans ce billet.
Chapeaux de cardinal, araignées, bonnets de bouffon, minuscules orchidées, voilà quelques descriptions possibles pour ces fleurs aériennes et fascinantes.
E. ‘Royal Purple’ est une excellente sélection aux des fleurs rose magenta se détachant bien sur le feuillage. E. wushanense ‘Caramel’ semble un nuage de petits drones. E. fargesii ‘Pink Constellation’ est d’une infinie délicates avec ses fines pétales rose pâle tandis que E. grandiflorum ‘Queen Elsa’ a des fleurs plus voyantes avec de longs éperons. E. warleyense, dans les tons orange, est une plante très volontaire. Ceci n’est qu’un échantillon infime de la diversité du genre.
Après la floraison printanière, en avril et mai, un second spectacle commence: celui du jeune feuillage, souvent marbré ou bordé de cuivre tant au printemps qu’à l’automne. E. rubrum est un des meilleurs comme couvre-sol, avec ses petites feuilles cordiformes bien rouge où toutes les nervures restent vertes. Wushanense, stellulatum et d’autres belles espèces ont des feuilles sagittées (en forme de flèche), marbrées et dentelées, très esthétiques mais moins couvrantes.
Le spectacle ne se termine pas là: quand vient l’hiver les feuilles très coriaces aux bords finement dentelés captent merveilleusement le givre.
Tout au long de l’année, nous allons d’enchantement en enchantement. Pour cette raison, il convient de planter sur des lieux de passage, le long d’un sentier ombragé par exemple. Leur résistance à la sécheresse, leur solidité, leur tolérance pour l’ombre et leur évolution tout au long de l’année font que les épimédiums sont à mon avis des plantes à peu près idéales pour les jardins de ville. Les conditions y sont fréquemment ingrates et on y recherche un intérêt permanent. De plus, aucun entretien n’est nécessaire; tout au plus, à la fin de l’hiver, on peut retirer les feuilles abîmées pour mieux mettre en valeur la floraison et les jeunes pousses. Comme pour toute plantation, veillez quand même à maintenir un bon humus, de feuilles par exemple, au pied des plantes.
Beauté, diversité, délicatesse, rareté, exotisme, sont sont sans doute les raisons pour lesquelles certains développent une collectionnite aiguë pour les fleurs des elfes. Heureusement, elles ne nécessitent pas un grand parc, ont peu de risques de disparaître et ne devraient pas trouer votre portefeuille. Alors pourquoi s’en priver?