Thanksgiving, l’abondance mise en scène

Deux alternatives aux sempiternels potirons pour une table de Thanksgiving.

Je ne tiens pas particulièrement à promouvoir les festivités américaines, dont Thanksgiving. On y on festoie à base de dinde, de courges, d’airelles et d’autres produits du terroir que les premiers colons se virent offrir par les indigènes en arrivant dans le nouveau monde. Ce moment festif et fraternel fut de courte durée, comme sait. Toutefois, quand la récolte est rentrée, c’est un joli moment pour réunir sa famille et mettre en scène l’abondance du jardin. Anne du Boucheron et moi-même avons dressé deux tables de saison pour vous inspirer.

Le château de La Baronnière, en Anjou, est un des rares châteaux néogothiques à être classé Monument Historique. Riche d’histoire, il se visite lors des journées du Patrimoine notamment. Anne du Boucheron et son mari on passé des années à restaurer et à mettre en valeur ce bien familial. Anne est une jardinière et une décoratrice à l’énergie débordante. Elle a redonné vie à une partie du vaste potager muré d’époque et y cultive fleurs et aliments.

Anne a dressé la grande table de réception avec une composition très originale dans les tons froids de vert, de blanc et de violet.

Côté cucurbitacées, on distingue des calebasses vert pâle, des pâtissons blancs et d’extraordinaires courges serpent à la peau verte marbrée. Les aubergines violettes et les longs haricots violets créent la complémentarité des couleurs tandis qu’un bouquet d’asters blancs et quelques feuilles de laurier apportent la touche de légèreté. On distingue aussi un fruit rond et bosselé, très décoratif; il s’agit du fruit de Maclura pomifera, l’orange des Osages. L’arbre est originaire d’Amérique et fut surnommé oranger des Osages pour une tribu indienne de ce nom. Il est peu courant en Europe bien qu’il puisse résister jusqu’à -15 °C en principe. Mis à part l’apparence, il n’a aucun lien avec les citrus.

Le clou de la composition, ce sont assurément les courges serpent qu’Anne cultive sur des structures spéciales. Très décoratif, ce légume est comestible jeune. Sa culture demande beaucoup de chaleur, mais une fois démarrée, cette plante grimpante pousse à vue d’oeil. Ce n’est pas étonnant car ces courges appartenant au genre Lagenaria sont originaires d’Afrique tropicale. Lancez-les à l’assaut d’une pergola pour un spectacle impressionnant, tant en fleur qu’en fruit. Une culture qui enthousiasmera les enfants impatients!

Ma propre composition est dans une gamme plus potiron: l’orange des pâtissons, le jaune des coings et le rouge des pommes, des queues d’amaranthes et des feuilles de Liquidambar.

J’ai disposé parmi cette abondance des céramiques Ardmore, fabriquées en Afrique du Sud, représentant des animaux africains dans des poses pleines de fantaisie (représentées par la galerie Arthus).

Le clou de cette composition, ce sont les pâtissons verruqueux de différentes couleurs. Assez curieusement, le pâtisson est très proche de la courgette, étant tous deux de l’espèce Cucurbita pepo. Il en a d’ailleurs les principales caractéristiques. Les fruits sont comestibles, meilleurs jeunes, avec un petit goût d’artichaut. La plante étant non-coureuse, elle reste compacte et les fruits se développent au coeur de la plante. Le fruit est généralement rond et plat avec des bosses sur le pourtour, faisant penser à un chapeau frivole. Les variétés plus courantes sont jaune vif ou blanc. Contrairement au Lagenaria dont il est question plus haut, les Cucurbita proviennent d’Amérique du Nord où ils étaient déjà au menu des peuples précolombiens. Ils sont de culture facile et le résultat est amusant. A ne pas confondre avec les coloquintes de formes variées et parfois aussi bosselées mais non comestibles!