Les muguets n’attendent plus le mois de mai
Le muguet est un des trésors indigènes de nos sous-bois de l’Europe tempérée, poussant même en altitude. Le nom botanique Convallaria majalis, fait référence à son habitat car convallis est une vallée profonde en latin. On l’appelle d’ailleurs lily-of-the valley en anglais, le lys de la vallée (un nom ronflant pour une plantule qui ne dépasse pas 15 cm). Majalis signifie du mois de mai, mois de la déesse Maïa.
Cette petite vivace herbacée produit ses feuilles par paires au printemps, enroulées comme un cornet de frites. Les brins et leurs adorables clochettes blanches apparaissent ensuite, dissimulées dans le feuillage. Le muguet s’étend par stolons et forme rapidement des colonies d’une grande densité. Dans les jardins, les plantes dépassent souvent l’espace qui leur est imparti, passant sous les clôtures pour visiter les voisins. C’est une aubaine pour ceux qui en souhaitent. Les racines sont très denses mais superficielles et donc faciles à déterrer pour les répandre ou les offrir.
Ce couvre-sol exceptionnel apprécie surtout une bonne couche d’humus de feuilles, même sous de grands arbres. Les terrains sablonneux peuvent convenir. C’est un vrai plaisir d’implanter de nouvelles colonies et de les voir prospérer. A la fin de l’été, le feuillage jaunit et de petites baies rouges peuvent se former. Attention toutefois: elles sont hautement toxiques, comme toutes les parties de la plante. Même l’eau du vase dans lequel des muguets on trempé est un poisson!
Ceuillir un bouquet de muguet brin par brin est tout un travail, mais un beau moment de méditation en forêt. Quel plaisir ensuite d’y plonger le nez à chaque passage. Le muguet réellement sauvage (3 petits vases) se cueille en tirant doucement sur la tige. Il a le parfum le plus délicat. Le muguet des jardins (vase jaune) a des clochettes plus grandes et plus nombreuses mais se détache moins facilement des feuilles.
Il existe encore un muguet géant et un à fleurs doubles, raides et lourdauds à mon avis, un cultivar à feuilles panachées et enfin une sélection à fleurs roses. Les clochettes du muguet ont un aspect cireux et en rose, on dirait du plastique…
Apparaissant au printemps en sous-bois, les sceaux de Salomon produisent des tiges arquées de 50 à 70 cm sous lesquelles pendent des groupes de clochettes crème bordées de vert. Elles sont légèrement parfumées, surtout chez Polygonatum odoratum, autres espèce indigène légèrement plus petite. La petite boule de poils qui visite est heureusement munie d’une longue langue lui permettant d’atteindre le nectar au fond du tube étroit. Les fleurs pollinisées produisent des baies noires en été, toxiques également. Les feuilles jaunissent puis disparaissent pour l’hiver.
Le éléments qui ont produit tant le nom commun que le nom botanique se trouvent sous terre, cachés à nos yeux. Polygonatum (comme polygone) veut dire ‘avec plusieurs genoux’ et se réfère à des renflements sur le rhizome. Quand la tige se fâne et tombe, elle laisse un renflement rond qui a fait penser au sceau du roi Salomon. Les botanistes vont parfois chercher loin…
Comme pour le muguet, certains horticulteurs ont cherché à améliorer les Polygonatum: plus grands, feuillages panachés etc.
A mon sens, rien ne surpasse l’équilibre simple de la plante sauvage.