Un Cycas ou Jurassic Park au jardin
Les plantes les plus archaïques, qui prédatent les dinosaures, exercent une fascination certaine. Les fougères arborescentes, les palmiers, les ginkgo et les araucarias en font partie, mais aussi les cycas dont l’allure générale rappelle à la fois les fougères et les palmiers. Le genre Cycas, de la famille des cycadacées, est connu sous forme de fossiles remontant à plus de 65 millions d’années. Il en existe cependant encore des populations vivantes (menacées et protégées) dans la région indo-pacifique et à Madagascar.
Heureusement, une des espèces, Cycas revoluta, est très courante dans le commerce et fait partie des plantes phares de tout jardin méditerranéen, ou de climat très doux. Un spécimen adulte, planté isolé, est une véritable sculpture vivante. L’impact visuel de sa structure est indéniable, renforcé encore par la beauté de son ombre projetée en plein midi. Le genre compte plus de 100 espèces, mais revoluta, nommée pour ses feuilles récurvées, est de loin la plus courante. Elle est originaire du Japon et appelée en anglais Sago Palm et en français fougère-palmier. Mais soyons clairs, ce n’est ni une fougère, ni un palmier.
Les Cycas sont dioïques, c’est à dire qu’il y a des sujets mâles et des sujets femelles. Qui est le plus beau? A vous de décider. La femelle forme une grosse boule au sommet de la plante, faite d’espèces de petites feuilles cotonneuses, très décoratives. De grosses graines rouges, un peu applaties, vont se former à la base de celles-ci. Le genre est gymnosperme, littéralement à graine nue, car il n’y a pas de cône femelle. (Pour l’étymologie de ce terme botanique, sachez que les grecs pratiquaient la gymnastique nus et que le sperme on n’a pas pas besoin de traduction).
Ces belles graines, contrairement aux dates, sont très toxiques, comme toute la plante d’ailleurs. Son poison s’appelle la cycasine. Mieux vaut avertir les enfants curieux.
Le mâle, quant à lui, produit de curieux cônes, indubitablement phalliques, dont les écailles s’ouvrent pour relâcher le pollen. Doux au toucher, ils peuvent atteindre 80 cm de long et sont très beaux séchés.
Coiffé ou décoiffé, on peut donner à sa plante l’allure qu’on veut. En retirant les repousses latérales et en supprimant le feuillage ancien on peut mettre en valeur les belles écailles et créer un aspect plus graphique (parfois à l’excès…). Ces rejets se coupent avec un couteau très tranchant. Après les avoir laissés à l’air quelques jours, on peut les rempoter pour produire de nouvelles plantes. La reproduction végétative de cycas est donc très facile et on se retrouve vite avec une foule de rejetons.
Coriace, supportant la chaleur et résistant à la sécheresse, Cycas revoluta convient parfaitement à la culture en pot. C’est d’ailleurs une bonne solution pour les régions un peu plus froides où les pots peuvent être abrités pour l’hiver. En sol bien drainé, la rusticité est affichée à - 8 °C mais cela reste quand même des végétaux de climats doux. Très graphiques, sans entretien, on les retrouve souvent dans les structures hôtelières, notamment en bord de mer car la salinité n’est pas un problème. Il peut y avoir de rares problèmes phytosanitaires, dont des cochenilles farineuses au revers des feuilles, facilement résolu par un lavage au savon de Marseille.
Audacieux, et impactant, le cycas est un atout majeur des jardins arides, comme ce bel exemple vu au Portugal. J’y aperçois malgré tout un tuyau d’irrigation, inutile pour une plante établie, et contraire à mes convictions…