Des provisions de poireaux
Ce billet reste dans les oignons, en traitant du poireau, le légume incontournable de tous les potages. C’est surtout le légume qui passera le mieux l’hiver et garantira des provisions jusqu’à fin mars. On distingue traditionnellement deux ou trois modes de culture.
Le poireau d’été, qui se sème sous abri chauffé dès février, se repique à partir d’avril et se récolte à partir de fin juillet. Cueillis très jeunes, de l’épaisseur d’un doigt, ils se dégustent avec une vinaigrette et éventuellement quelques crevettes, comme plat froid pour l’été. Les fûts bien blancs sont utilisés pour la vichyssoise, un délicieux potage froid. En revanche, le poireau d’été risque de ‘monter’ avec la chaleur et il sera en concurrence avec les nombreux bons légumes d’été.
Le poireau d’hiver se sème en mars-avril pour se repiquer en juin-juillet et peut se récolter depuis l’automne jusqu’à avril. Certains distinguent encore les variétés d’automne qui conviennent aussi pour l’hiver.
Pour ma part, jardinière paresseuse, je repique les poireaux au cours du mois de juin, avant de partir en vacances, me réjouissant de les manger une fois que les autres ressources deviennent plus rares. Je prône donc le poireau d’automne ou d’hiver et ne ressens pas le besoin d’en manger toute l’année ronde.
Pour que les jeunes poireaux puissent reprendre vigoureusement malgré la chaleur de juin, il faut leur faire une préparation qui consiste à couper une bonne partie du feuillage pour limiter l’évaporation (1/3 environ). On raccourcit aussi les racines à 2 cm ce qui permet de bien les enfoncer dans le trou et favorise la reprise. Ces opérations peuvent paraître radicales et tout le monde n’est pas d’accord sur le procédé.
Notre fidèle poireau du potager, c’est Allium ampeloprasum var. porrum. C’est un des premiers légumes à avoir été domestiqués en Europe et au Moyen-Orient, à partir de Allium ampeloprasum, le poireau des vignes (ampelos est la vigne en grec), que l’on appelle aussi poireau perpétuel et qui ressemble davantage à un oignon. Un autre parent, très intéressant au jardin, est Allium ampeloprasum var. ampeloprasum, qui n’est autre que l’ail éléphant. D’un point de vue botanique, la plante est plus proche du poireau que de l’ail. Je l’ai déjà brièvement évoqué dans un précédent article sur l’ail. Cet allium ci a vraiment de grandes qualités, tant ornementales que culinaires et mérite d’être beaucoup plus cultivé chez nous. Les américains le pratiquent depuis longtemps.
Les gros bulbes de l’ail éléphant produisent une tige florale haute d’un bon mètre, surmontée d’une enveloppe longue et pointue d’où émergera peu à peu une belle boule violette. Une caractéristique amusante est que ce chapeau pointu reste souvent accroché à la fleur. Ceci en fait un oignon tout aussi décoratif que ceux vendus comme ails ornementaux. Peu à peu de grandes touffes vont se former où vous pourrez prélever quelques bulbes pour la consommation quand les feuilles se seront flétries. A condition d’en laisser toujours quelques uns sur place vous aurez en quelque sorte un légume perpétuel. L’ail éléphant est donc un candidat parfait pour une culture nourricière dans les parterres de fleurs ou des bacs ornementaux sur un balcon.
Le bulbe de l’ail éléphant est bien rond et peut devenir très gros s’ils sont plantés avec suffisamment d’espace. Ils ne sont pas divisés en caïeux de la même manière que l’ail traditionnel. Le goût, moins fort et plus fin que celui de l’ail, est très apprécié. La plante se reproduit en produisant de petits bulbilles jaunes autour du bulbe. Ici, nul besoin de repiquer, il suffit de laisser ces bulbilles sur place ou de les transplanter plus loin et c’est reparti. Il faut malgré tout compter deux ans pour que ce mini-bulbe produise une belle hampe florale.
Bon et beau ce curieux poireau!