Des oignons à sensation
Quoi de plus photogénique qu’une belle tête d’ail? Pourtant, ces bulbes à sensation sont souvent absents des parterres, la culture des bulbes se résumant pour beaucoup à quelques narcisses et tulipes. Je me propose de vous en faire découvrir les qualités pour donner de l’éclat et de la structure aux parterres de fin de printemps. Les sélections imposantes du genre Allium commercialisées aujourd’hui sont magnifiques dès l’apparition du bouton et restent belles longtemps après la floraison. Certaines se divisent naturellement et d’autres se ressèment, formant de beaux groupes.
Dans les contrées moins arides, les ails d’ornement se cultivent plutôt au milieu des parterres, entre les plantes vivaces. Il y a une bonne raison à celà: elles ont un défaut malgré toutes leurs qualités. Cette seule ombre au tableau est que le feuillage se flétrit très rapidement, souvent au moment même de la floraison. Les planter au milieu de vivaces bien denses permet de cacher efficacement ce feuillage qui dépareille le bel oignon. Leurs tiges solides émergeront sans problème au-dessus des asters, des phlox, des lavandes, des géraniums ou des graminées.
Il me serait impossible de présenter en détail tous les cultivars qu’offre aujourd’hui le marché. A vous de les explorer! Les différences se trouvent dans les nuances de violet, dans la densité des têtes, leur forme arrondie ou aplatie, leur hauteur et le moment de leur floraison. Si la plupart des variétés fleurissent en mai et juin, le gigantesque ‘Summer Drummer’ a le mérite de fleurir en juillet-août, ce qui en fait un choix idéal pour les maisons de vacances: beaucoup d’effet pour peu d’effort. Il reste d’ailleurs aussi beau sec que fleuri. ‘Red Mohican’ est également un tardif. Pour la taille, on peut se laisser tenter par les géants qui émergent sans problème au-dessus de touffes de grandes graminées; A. giganteum atteint 175 cm mais A. altissimum ‘Goliath’ le bat avec ses 2 mètres! Les bulbes de ces géants peuvent être bien plus gros qu’une balle de tennis et leurs prix sont à l’avenant.
Pour ceux que les tons violets rebutent, il y a aussi de très belles variétés blanches, même si le choix est plus limité. Un excellent classique est Allium nigrum, ce qui, curieusement, veut dire noir. Cette plante est bien rustique et forme des groupes fournis en quelques années. Les inflorescences blanches, des demi-sphères d’assez grandes fleurs, s’élèvent à 80 cm sur des tiges bien solides. Les fleurs sont caractérisées par un ovaire vert très marqué et décoratif. Cette variété est d’ailleurs excellente pour les bouquets. Il en existe une variété rose dénommée ‘Pink Jewel’.
Parmi les autres belles sélections blanches il y a ‘Mount Everest’, atteignant 1 m de haut, dépassé largement par A. altississum ‘Album’ qui atteint 2m mais est moins courant. Un fonds sombre, comme cette haie de hêtre pourpre, mettra particulièrement en valeur ces fusées blanchées.
Les versions à tiges moins hautes et à feuillages intéressants peuvent convenir pour des pots. Ils sont jolis dès l’émergence des premières feuilles et sur une longue période. Un des meilleurs pour ce usage est Allium karataviense, originaire de la chaîne de montagnes karatau au Kazakstan.