La Belgique en mode Méditerranée
Quelles sont les plantes qui ont le plus apprécié ce printemps d’une chaleur et d’une sécheresse exceptionnelles?
Sur cette photo, prise le 7 mai, on voit de gauche à droite un Choisya, un Ceanothus et un Hebe. Plantés au pied d’une façade ouest, ces plantes bénéficient d’un maximum de protection et de chaleur. Il n’empêche que leur culture en Belgique était impensable il y a 20 ans, ne résistant pas à des températures inférieures à -5, -10 degrés et détestant avoir les pieds mouillés. On pouvait tout au plus les admirer avec jalousie dans les jardins du sud de l’Angleterre. Originaires de la Californie, du Mexique et de la Nouvelle-Zélande, ces arbustes persistants apprécient le plein soleil et sont tout à fait résistants à la sécheresse un fois établis. Ils ont été spectaculaires ce printemps et donné au jardin un véritable air de Méditerranée.
Le genre Ceanothus, dit lilas de Californie, est originaire d’Amérique du nord, et principalement de Californie. Dès le printemps, ces plantes forment une boule dense de fleurs dans divers tons de bleus (parfois blancs) qui les rendent éminemment désirables, pour nous et pour les abeilles d’ailleurs. Quiconque a vu un grand Ceanothus en fleur rêvera d’en posséder un. Aujourd’hui notre climat le permet enfin! On trouve d’ailleurs de plus en plus de beaux cultivars dans le commerce. Le plus communément vendu, Ceanothus repens, n’est pas le plus facile à cultiver et risque de décevoir. J’ai eu de bonnes expériences avec ‘Yankee Point’, ‘Skylark’ (bleu pâle), ‘Victoria’ et ‘Concha’ (bleu foncé). Pour la plantation, choisissez un endroit protégé et bien drainé. Evitez absolument tout arrosage automatique, votre lilas de Californie ne le supporterait pas. Informez-vous bien de la taille de la variété choisie, qui peut aller d’un petit buisson rond à un petit arbre. Enfin, ne désespérez pas si un beau jour votre arbuste glorieux rend l’âme sans préavis. C’est une fâcheuse tendance de l’espèce et il n’y a pas d’autre remède que de repartir de zéro. Heureusement, ces belles bleues poussent vite!
Les cistes quant à elles sont de vraies méditerranéennes, aimant le soleil, les cailloux (les anglais les appellent rock roses) et la sécheresse. Ces jolis petits buissons persistants se couvrent de fleurs aux pétales fines comme du papier de soie. Toutes les espèces ne sont pas résistantes au froid mais leur principal ennemi est l’humidité. Plantez-les donc sur un talus par exemple ou dans une rocaille.
En rose, Cistus x skanbergii et le blanc au coeur jaune répond au joli nom de Cistus hybridus ‘Little Miss Sunshine’. Cistus corbariensis, blanc avec un coeur sombre est aussi une espèce qui peut s’acclimater chez nous.
Les Hebe sont de charmants arbustes bien compacts avec souvent de très jolis feuillages persistants. Il y en a de couleurs différentes et certains forment des boules qui peuvent remplacer avantageusement une boule de buis. Le genre Hebe a été nommé pour la déesse grecque de la jeunesse, fille de Zeus et de Héra. La plupart des espèces sont originaires de Nouvelle Zélande. Souvent vendus pour les jardinières ce sont des plantes de bel effet, mais certaines sont plus résistantes au gel que d’autres.
Ici, Hebe ‘Wiri Mist’.
Parmi les vivaces, Gaura lindheimeri est réputé relativement gélif, chose logique puisque la plante est originaire du Texas. En faisant quelques recherches j’ai appris à mon étonnement que les gauras avaient aussi changé de nom et s’appellent désormais botaniquement Oenothera lindheimeri. Toujours est-il que la chaleur et le soleil leur a plu et que ces ravissants papillons voltigeants fleuriront jusqu’à l’automne.
Il faut malgré tout planter les gauras dans un sol bien drainé pour qu’ils prospèrent. Un pot convient parfaitement. L’hiver, le feuillage se dessèche et devient brun et assez peu esthétique. Il vaut mieux malgré tout résister à l’envie de le rabattre jusqu’à la fin de l’hiver; il protègera la base de plante qui repartira au printemps. Je les ai plantés en masse avec une bonne couche de lave au pied; ils s’y ressèment abondamment. Comme le feuillage met un certain temps à se développer, j’ai planté une quantité de tulipes entre les plants. Quand les tulipes se fanent elles disparaissent dans les feuilles.
Les Choisya ternata ou orangers du Mexique proviennent également, comme leur nom l’indique, de climats beaucoup plus chauds et plus secs que le nôtre et pourtant, les volià florissants. De gauche à droite les sélections ‘Aztec Pearl’, ‘white Dazzler’, ‘Sundance’ et ‘Goldfingers’. Un hiver froid peut sérieusement griller leur feuillage, vu qu’ils sont persistants, et il leur faut aussi une position protégée. Ne pas hésiter à les retailler vigoureusement après la floraison pour garder une forme compacte.
Rien de plus évocateur des senteurs du Sud que la lavande bien sûr. Elle se plaît volontiers chez nous à condition d’avoir les pieds au sec. Des graviers ou de la lave à leur pied permet d’accumuler la chaleur et d’évacuer l’humidité. Ici, la variété ‘Hidcote’ est une des lavandes les plus foncées.
Ambiance grand sud à la piscine avec la lavande Lavandula angustifolia ‘Silver Mist’, remarquable par son feuillage très argenté, devant les grandes feuilles de Phormium tenax ‘Purpureum’, originaire de Nouvelle-Zélande et gélif en dessous de -8 degrés, en théorie. La haie du fond est composée d’Eleagnus ebbingei au feuillage argenté. Cette petite scène conviendrait parfaitement pour un jardin de bord de mer.
Embaumez vos nuits d’été avec des senteurs d’arabie grâce au jasmin officinal, Jasminum officinale. Il faut lui trouver un angle de mur sud ou ouest pour lui donner une chance, mais une fois établi c’est un grimpant solide, d’autant plus que le feuillage est caduc. Il faut attacher solidement les branches principales au mur et bien le retailler après l’hiver.
L’acanthe, Acanthus mollis, évoque la Grèce et forme de belles touffes sculpturales. Malheureusement, l’humidité et les changements de température de chez nous peuvent causer l’apparition de l’oïdium sur le feuillage (un champignon qui apparaît comme une moisissure blanche). Il faut soit traiter avec du souffre, soit supprimer le feuillage.
Je terminerai par une autre icône de la Grèce, le laurier, Laurus nobilis, moins noblement qualifié de laurier sauce. Un persistant du maquis méditerranéen, ils peut s’acclimater en Belgique même si le bout des feuilles peut parfois être abîmé par le gel. Il se prête merveilleusement aux topiaires.