Les rosiers grimpants qui se voudraient bleus
Plus d’un propriétaire de jardin que j’ai visité récemment déclarait sans hésitation que sa rose grimpante favorite était ‘Veilchenblau’. Etant donné que les roses bleutées me fascinent également, je me suis dit que je ferais un tour du sujet. Il est vrai que les rosiers grimpants, surtout à petites fleurs, sont souvent blancs, parfois roses ou jaune orangé, mais rarement violets.
Voici une pergola entièrement consacrée aux grimpants ‘bleus’ dans la très belle collection de roses du parc Coloma aux portes de Bruxelles.
Le modèle du genre est le bien-aimé ‘Veilchenblau’. La Veilchen est la violette en allemand. C’est en effet à un obtenteur allemand que nous devons ce rosier déjà plus que centenaire, de 1909. Il s’agit d’un hybride de Rosa multiflora qui produit des tiges peu épineuses pouvant grimper jusqu’à 6m. Les anglais l’appellent d’ailleurs parfois ‘Blue Rambler’ et l’apprécient au point de lui avoir décerné un AGM, distinction des meilleures plantes de jardin.
‘Veilchenblau’ fleurit 3 à 4 semaines à partir de mi-juin. Les nombreux boutons cramoisis éclosent en petites fleurs violettes semi-doubles marquées de blanc. En vieillissant, les pétales pâlissent vers un mauve grisâtre. Ce rosier, somme toute très naturel, n’est pas du tout exigeant quant au sol mais a une préférence pour le soleil et la chaleur. C’est un rosier du sud.
Deux rosiers lianes anciens sont issus de semis de ‘Veilchenblau’ et en partagent les caractéristiques: couleur, floraison tardive, peu d’épines.
‘Marie Viaud’, créé en 1921 par Igoult, a de petites rosettes de fleurs doubles couleur améthyste, se fânant vers le lilas.
‘Violette’, parfois vendue comme ‘Violetta’, est une rose de Turbat, aussi de 1921. Elle éclot bien pourpre avant de pâlir.
‘Bleu Magenta’ est une autre obtention française de l’époque, sans doute celle qui a le ton pourpre violacé le plus soutenu. Ici aussi, nous avons affaire à une liane peu épineuse, à floraison assez tardive et légèrement parfumée.
Je citerai aussi ‘Amethyste’ (Nonin 1911), dont le nom dit tout. Cette rose, hybride de Rosa wichuraiana, a cependant la réputation d’être un peu sensible aux maladies.
Un des plus beaux spectacles chez moi est la floraison du rosier ‘Gipsy Boy’. Celle-ci , bien qu’elle soit unique, s’étend sur une longue période entre le moment où les premiers boutons des grosses grappes s’ouvrent et la floraison maximale. Les roses très doubles d’un violet cramoisi exceptionnel, se fanent vers un ton plus violacé. La présence simultanée des deux couleurs est étonnante. Ce rosier a beaucoup d’autres mérites: un parfum puissant, un feuillage coriace luisant, une excellente santé et un port très compact et ordonné. Il suffit de bien le tailler et de le palisser à l’automne. Vous pouvez retrouver comment faire dans le billet ‘Taillé et ligoté’ du 13 novembre 2020 (voir Sommaire sur la page d’accueil).
Rosa ‘Gipsy Boy’ se trouve parfois sous son nom allemand d’origine: ‘Zigeunerknabe’. Il s’agit en effet d’une obtention de Geschwind de 1909.
‘Perennial Blue’, n’est sans doute pas aussi bleu que son nom voudrait le faire croire, mais c’est un magnifique petit grimpant (jusqu’à 3m) à bouquets de petites fleurs. Sa couleur magenta vire vers le violacé. Produit par Mehring en 2004, ce rosier a toutes les qualités des roses contemporaines, avec un feuillage vert clair parfaitement sain et des bouquets d’innombrables fleurs. Ressemblant beaucoup à ‘Veilchenblau’ et d’autres ancêtres, ‘Perennial Blue’ a toutefois un atout unique: il fleurit tout au long de la saison. Pas très ‘Blue’ mais très ‘Perennial’! Je pourrais donc le qualifier de maître achat.