Les belles du bord de route
Après une première cueillette, je me suis rendue à l’atelier, rue Haute à Bruxelles, de la jeune artiste Philippine d’Otreppe. Ses céramiques et ses tableaux inspirés de la campagne me paraissaient le décor parfait pour quelques bouquets champêtres. Philippine aime en effet peindre en extérieur, rendant avec fraîcheur et charme ce qui l’entoure. (Le confinement à la campagne lui a été propice… ) Elle est également une excellente illustratrice qui croque avec beaucoup d’humour le quartier des Marolles au coeur duquel elle a installé son atelier. www.philippinedotreppe.com @philippinedotreppe
Dans les bas-côtés des routes plus humides, notamment celles bordées de fossés, on trouvera presque toujours la consoude officinale, aux fleurs blanches, roses ou violettes. Symphytum officinale faisait partie de l’officine de pharmacie, comme son nom l’indique, principalement pour ses vertus cicatrisantes. Cette plante un peu rèche me paraît malgré tout intéressante pour des compositions très rustiques. C’est une soiffarde. Après l’avoir cueillie, elle peut donner l’impression de flancher un peu, mais après l’avoir bien trempée dans une seau d’eau, elle se reprend et peut alors tenir une semaine entière en vase.
Une belle compagne des terrains plus humides est la silène rose, appelée communément compagnon rouge et scientifiquement Silene dioica. Le nom de Silene est un des noms amusants de la nomenclature botanique, inspiré par les calices enflés caractéristiques de l’espèce. Silene était le précepteur de Dionysos, dieu du vin. Il est généralement représenté comme un vieillard laid et ivre, au ventre bedonnant. Les botanistes du 18ème siècle, impregnés de culture classique, adoraient ce genre d’association. Toujours est-il que cette charmante plante sauvage, qui peut atteindre près d’un mètre de haut, fait une excellente fleur à couper d’un beau rose vif, moins courant dans les fleurs sauvages.
Rampant par dessus les autres plantes, s’enfilant parmi les graminées, vous rencontrerez les belles touffes violacées des vesces, Vicia cracca. Cette jolie petite grimpante est de la famille des pois, ce qui se voit clairement quand les gousses apparaissent, et s’enroule elle aussi avec des vrilles. Elle est utilisée comme plante fourragère et pour améliorer les sols. Les vesces apparaissent souvent comme ‘mauvaises herbes’ dans les parterres. Il faut envisager de leur laisser une certaine latitude et si elles vous dérangent vraiment, les couper plutôt que de les arracher puisqu’elles enrichissent le sol. Bien que ses tiges soient délicates et flexibles, je trouve que la vesce peut être très gracieuse en vase où elle est d’excellente tenue. Les tiges sont si fines qu’on peut en enfiler plusieurs dans le goulot étroit d’une carafe ou d’une jolie bouteille pour une composition moins rustique. Une bonne alternative aux pois-de-senteur.
En y regardant de plus près, les routes de campagne cachent des trésors qui peuvent fleurir nos maisons avec simplicité. Je me limite à ce premier éventail avec la promesse de revenir l’été prochain avec une nouvelle cueillette.