Des papillons virevoltants: les gauras

En cherchant quelques renseignements sur les charmants gauras, je m’étonnais de ne pas trouver grand chose. C’est alors que je me suis rendue compte, avec une certaine irritation, que le genre avait déménagé dans la nomenclature botanique. Ce que nous avons toujours connu comme Gaura lindheimeri s’appelle maintenant Oenothera lindheimeri, dans la famille des onagracées. Dommage, car Gaura était un nom simple pour une fois, et qui signifiait ‘fier, superbe’, un descriptif tout à fait approprié pour cette vivace élancée.

Nous connaissons bien Oenothera biennis, l’oenothère biennal ou onagre, aux corolles jaune primevère. Il faut chercher pour trouver des points communs entre cette vivace commune sur les friches et notre gaura délicat et aérien. Pourtant, à y regarder de plus près, il y a 4 pétales et des boutons floraux pointus tout le long des épis. La floraison très longue, de la fin du printemps au gelées, est une autre caractéristique commune, de même qu’une prédilection pour les sols secs, pauvres et ensoleillés. Si leur vie est brève, les oenothères se ressèment abondamment, pouvant même devenir envahissants.

Originaire du sud des USA, essentiellement de Louisiane et du Texas, Oenothera lindheimeri a fait une entrée fracassante dans nos jardins, à la faveur de la mode des jardins ‘de prairie’, à faible entretien et à l’aspect naturel. L’augmentation des températures estivales et les périodes de sécheresse prolongées ont confirmé les qualités de cette vivace capable de fleurir envers et contre tout. Une rareté il y a 20 ans encore, les gauras ont conquis les jardins à front de rue et les plantations publiques.

Les premières sélections introduites en Europe étaient considérées gélives, mais aujourd’hui les plantes proposées ont des résistances au froid considérables, allant jusqu’à -18°C.

Si ces vivaces font beaucoup d’effet dans une la plantation en masse, comme ci-dessus, elles se mêlent également dans un gracieux désordre, aux graminées, aux sauges, aux Hylotelephium (ex-Sedum) et à la verveine de Buenos Aires. Tous ces compagnons apprécient les mêmes conditions; du soleil, un sol pauvre et drainant, voire sec.

Les gauras trouvent aussi leur bonheur en climat méditerranéen, même dans les jardins sans arrosage. Ils lancent leurs épis légers vers le ciel, comme des cannes à pêche, jusqu’à 1,20m de hauteur. Les fleurs terminales voltigent dans la brise comme autant de papillons. On peut envisager de tailler un peu au milieu d’été pour obtenir des plantes plus compactes et une floraison tardive plus soutenue.

De courte durée de vie, ces vivaces se ressèment abondamment, mais s’arrachent facilement si elles deviennent indésirables. Les semis ne sont toutefois pas identiques à la plante mère et bientôt différentes couleurs se mêlent.

La saison de floraison correspond à peu près exactement à la saison où une piscine extérieure est praticable. La souplesse, l’élégance de la plante et la gaieté du blanc conviennent parfaitement à la création d’une ambiance de vacances. Une plantation en pots autour d’un bassin peut-être d’un bel effet. On parle beaucoup de papillons, mais les gauras ne les attirent hélas pas. Les abeilles et les bourdons les fréquentent peu, ce qui peut être rassurant quand on s’expose en maillot de bain.

Dès le premières gelées ou au début de l’hiver, les épis floraux se dessèchent et brunissent, devenant peu esthétiques. Il convient alors de la recouper au ras du sol (sauf en climat froid où le bois sec protège la souche du gel et de la neige). Le démarrage de la nouvelle végétation à partir de la souche intervient assez tard, vers le mois d’avril. Pour bénéficier d’un intérêt printanier on peut remplir le parterre de bulbes entre les plants.

Voici le même parterre que ci-dessus en avril. La pousse des gauras cachera les tulipes fanées dès le mois de juin.

Gros plan sur les fleurs. Les 4 pétales disposées comme les ailes des papillons et les longues étamines en éventail sont très caractéristiques. Les premières variétés introduites étaient blanches, dont ‘Whirling Butterflies’ , les fameux papillons virevoltants. Comme pour les sélections ‘Snowstorm’, ‘Summer Breeze’ et d’autres, les boutons sont rose pâle. ‘Snowbird’ et ‘Cool Breeze’ sont d’un blanc pur. Viennent ensuite de jolies propositions roses telles que ‘Siskiyou Pink’ et ‘Cherry Brandy’ (illustré ci-dessus), remarquable par ses veines bien marquées. ‘Rosy Jane’, un vrai bicolore blanc bordé de rose, est un cultivar très raffiné. Viennent enfin une série de plantes aux fleurs rose soutenu, presque rouges, dont le feuillage est souvent tacheté de pourpre également. On y trouve ‘Crimson Butterfly’ et ‘Baby Butterfly Dark Pink’.

Mis à part la couleur, ce qui guidera principalement votre choix est la hauteur de la plante qui peut varier de 40 cm à 120 cm. L’effet général, surtout pour une plantation en groupe, sera déterminé par cette hauteur. Plus les papillons volent haut, plus ils paraissent légers, mais peut-être aussi désordonnés.

Rassurez-vous: s’il ne se trouve plus un article scientifique sous le nom de Gaura lindheimeri et qu’il faut chercher sous Oenothera, les jardineries et les catalogues en ligne ont résisté au changement et vous proposent toujours un bon choix de bons vieux gauras.

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