Joyeuses Pâques

Narcisses, fleurs de cerisiers, magnolias, cueillons vite les beautés du printemps pour une jolie table de Pâques avant qu’une giboulée ou un dernier coup de gel ne les abîment.

Les bouquets de Pâques ne sont pas si faciles à réaliser. Tout d’abord les fleurs, que ce soient les narcisses, les jacinthes ou les premières tulipes, sont particulièrement raides et fragiles. Ensuite, il n’y a pas encore de feuillages et les arbustes fleuris ne tiennent pas longtemps. Voici quelques idées de compositions printanières dans des styles différents.

Le grand classique, c’est évidemment la jonquille jaune, devenue le symbole par excellence de Pâques. Le saule tortueux a de son côté été promu par les fleuristes qui en ont fait ‘l’arbre de Pâques’, indispensable pour y suspendre des oeufs ou des petits lapins ou poussins.

J’ai donc associé les deux dans cette composition réalisée dans un photophore. Beaucoup de modèles contiennent un récipient en verre et peuvent donc parfaitement servir de vase.

J’y ai d’abord enfoncé quelques brins de Skimmia japonica ‘Kew Green’, une excellente base à cette saison. Puis viennent les branches de Stachyurus chinensis ‘Celina’ avec leurs petites fleurs jaune pâle. Cet arbuste devient rapidement assez grand et désordonné, mais est très précieux pour les bouquets de printemps si vous lui trouvez une place au jardin. Quelques brins du saule tortueux Salix babylonica ‘Tortuosa’ ajoutent un élément de légèreté. Si vous les laissez suffisamment longtemps dans le vase elles produiront des racines. Quelques feuilles d’Arum italicum, qui poussent sauvages en sous-bois, créent un contraste sombre. Les grosses jonquilles jaunes sont enfilées prudemment dans les espaces en dernier lieu. Veillez à les placer à différentes hauteurs, les corolles tournées dans différentes directions pour atténuer leur raideur.

Pâques ne doit pas nécessairement être jaune; on peut aussi l’envisager en rose. Après tout, c’est la saison des premières fleurs de cerisiers, des magnolias, des jacinthes et des hellébores. Ces floraisons éphémères ne sont pas très durables en vase. On conseille d’ébouillanter les tiges en les plongeant quelques minutes dans de l’eau très chaude avant de les faire tremper dans de l’eau froide. Ce type de composition, un peu plus construit, avec des tiges placées à l’horizontale ou retombantes, nécessite une mousse florale.

Un camaieu de rose: une jacinthe, un magnolia et un rhododendron.

Les jacinthes du jardin proviennent de bulbes achetés à l’origine pour la maison et plantés au jardin après la floraison. Au bout de quelques années les tiges deviennent plus fines et leur aspect plus naturel.

Ce charmant petit magnolia rose est un de mes grands favoris, Magnolia stellata ‘Chrysanthemumiflora’, ou magnolia à fleur de chrysanthème. Cette sélection rose du Magnolia stellata est malheureusement peu courante, alors qu’à mon avis, c’est une des plus jolies.

Le rhododendron ‘Christmas Cheer’ peut occasionnellement produire l’une ou l’autre fleur à Noël, d’où son nom. En réalité, sa floraison principale est en mars, bien avant les autres rhodos quand même. Il forme une belle boule compacte au jardin et des fleurs pas trop grosses excellentes à couper.

Cherchez dans les placards de la cuisine et vous trouverez certainement des contenants amusants qui peuvent servir de vases: carafons, verres, mugs, théières. Cette théière russe très fleurie m’a inspiré un assemblage de tons blancs à base de différents narcisses blancs à coeur légèrement crème ou saumon. Un bulbe trop peu utilisé dans les jardins est la ravissante nivéole d’été, Leucojum aestivum. Cette bulbeuse facile à cultiver et aimant les sols humides peut former de belles colonies au fil du temps. Elle ressemble à un perce-neige géant (jusqu’à 60 cm de haut) et fleurit au printemps, comme son nom ne le dit pas. Le feuillage utilisé est le magnifique Ribes sanguineum ‘Alba’, la sélection blanche et peu courante du groseiller à fleurs, universel dans les jardins et généralement malencontreusement planté juste à côté d’un forsythia jaune…

Sortis eux aussi du placard de la cuisine, ces mugs avec une mésange et un rouge gorge sont parfaits pour un tutti frutti vitaminé; un joyeux mélange de narcisses, des premières tulipes, de jacinthes, d’euphorbes, de pulmonaires et de muscaris. Tous les tons sont dans la nature et on peut les assortir aux oeufs de Pâques!

Une alternative fraîche et croquante pour la table de fête est d’associer quelques fleurs printanières aux légumes primeurs. J’avoue qu’ils ne viennent pas de mon jardin mais ils seront au menu après deux jours d’exposition sur la table.

Pour illustrer encore l’utilisation des primeurs, je termine par une photo d’archive d’un bouquet que j’avais fait pour une démonstration il y a plus de 30 ans. C’était à Moscou, et comme au mois d’avril il n’y avait toujours pas une fleur (sauf l’éternel oeillet rouge du communisme), il fallait être créatif! Le vase, un simple cube de verre transparent, est lui même rempli de légumes coupés dans de l’eau. Une coupelle en plastique est fixée dessus avec un peu de plasticine et une mousse attachée avec de l’adhésif. Les légumes sont ensuite simplement piqués sur des cure-dents. Peut-être un montage à réaliser avec des enfants privés de vacances?

Joyeuses Pâques!