Bucheronnons avec bienveillance
En janvier on bucheronne. Le gel et le mauvais temps ne permettent pas les autres travaux au jardin. Par le passé, le nettoyage radical était de mise: couper les arbres morts au ras du sol, scier et débiter, ramasser jusqu’à la moindre brindille, désoucher, atomiser. Ce vocabulaire même a changé: on laisse pourrir, on composte … Nous nous sommes rendus compte que dans nos travaux d’entretien nous pouvions contribuer à la création d’habitats précieux, en s’épargnant de surcroît du travail.
Voici quelques actions simples à mettre en oeuvre.
La haie de bois d’élagage
Voici une pratique ancestrale, utilisée autrefois pour protéger ses cultures ou enfermer son bétail. Il suffit de planter deux rangées de pieux solidement dans le sol et d’y entasser les branches coupées ou ramassées. Cette clôture traditionnelle est non seulement économique et esthétique, mais offre aussi un refuge pour insectes, batraciens, hérissons et oiseaux. Comme une certaine décomposition va s’opérer, on peut recharger régulièrement avec de nouvelles branches. Cette clôture est idéale entre des jardins de ville notamment car elle est suffisamment poreuse pour permettre la circulation de la petite faune, ce qui n’est pas le cas de nos célèbres grillages belges.
Le tas de bûches
Si on n’en a pas besoin comme bois à brûler, autant constituer sur place des tas de bûches à partir des arbres morts ou tombés à cause des nombreuses tempêtes. Ce n’est pas du tout villain en sous-bois, bien au contrraire. Très vite, une diversité extraordinaire va apparaître comme par magie: des mousses et puis des colonies de champignons. Certains sont même comestibles mais ne comptez pas sur moi pour vous dire lesquels!. Leur rôle est de décomposer le bois et ils y parviennent. Les interstices entre les rondins sont des refuges de choix pour les petits mammifères ou même les mésanges qui trouvent sur place la mousse pour leurs nids et un véritable garde-manger d’insectes.
Arbres morts sur pied
Un arbre mort que l’on laisse pourrir sur pied offre un habitat particulièrement intéressant, tout à fait différent de l’arbre couché. S’il n’est pas source de danger, cela vaut vraiment la peine de couper un arbre mort à quelques mètres de hauteur plutôt qu’au ras du sol. C’est ce que j’ai fait pour un hêtre pourpre centenaire dont le pied était gris et ridé comme une patte d’éléphant (1ère photo). Les champignons se mettent au travail aussitôt, mais aussi une foule d’insectes. Les pics se régalent en creusant dans le bois tendre. Les abeilles solitaires creusent des galeries pour y pondre leurs oeufs. Les écureuils peuvent y faire leur nid. Un renard creuse sa tanière entre les racines. L’arbre est mort mais n’a jamais été aussi vivant!
Arbres morts au sol
Laissés couchés sur le sol, les arbres morts offrent une autre niche écologique. En quelques années, les mousses, les fougères et le lierre en prendront possession. Les troncs couchés deviennent peuvent border un chemin et deviennent terrain de jeux pour les enfants.
On peut faire la même chose avec des rondins et, là aussi, faire preuve de créativité.
Les arbres meurent, c’est inévitable. Donnons leur une seconde vie comme havre de biodiversité. Quoi qu’il arrive, respectons ce matériau précieux et ne jetons pas tout au feu!