Un an autour de l’étang

Après avoir illustré le calendrier du jardin en 2020, du potager en 2021 et de la prairie fleurie en 2022, voici le calendrier de l’étang. Rien n’est plus fascinant que de suivre l’évolution de la nature dans un même lieu. C’est surtout intéressant dans les climats qui bénéficient de vraies saisons, même si le temps n’y est pas toujours réjouissant. Autour de l’eau, l’explosion annuelle de la végétation est particulièrement impressionnante.

Janvier

Les belles photos de scènes enneigées font malheureusement partie du passé. Il y a tout au plus des gelées blanches lors des belles matinées d’hiver. Les épis de Pennisetum, qui captent le brouillard et l’humidité de l’air, se couvrent de givre. Il n’y a pas un souffle de vent et les grands arbres du parc, dépouillés, se reflètent dans l’eau noire comme dans un miroir.

Février

Tout est encore figé un mois plus tard. Les graminées ajoutent une belle couleur paille au tableau et il ne faut surtout pas les tailler avant mars. Les persistants bien taillés, ici un Taxus et des Elaeagnus, sont essentiels pour donner de la structure en hiver. Pas une feuille en vue sur les berges, pas une plante émergeant de l’eau.

Mars

Les feuilles des grands arbres n’ont pas encore débourré mais un faible soleil de printemps réveille le sous-bois. Des tapis de charmantes anémones de bois créent le spectacle. Elles se développent spontanément dans la litière épaisse. A l’arrière-plan, les premiers magnolias sont en fleur, dont un vieux Magnolia soulangeana rose. Sur la rive opposée, on distingue les belles branches orangées de Cornus sanguinea ‘Midwinter Fire’.

Avril

A partir de leurs gros tubercules, les Darmera peltata produisent de magnifiques fleurs roses, s’élevant vigoureusement au bout de grosses tiges charnues; c’est assurément le clou du début du printemps. On a peine à croire qu’un mois plus tard, tout cela disparaîtra sous une masse d’énormes feuilles.

Mai

La lumière du soir illumine la berge. Tout est déjà luxuriant dans une belle gamme de verts différents. A l’avant plan, trois plants de Euphorbia palustris, vert chartreuse, forment une belle masse lumineuse. Comme son nom l’indique, cette espèce d’euphorbe est adaptée aux emplacements humides.

Juin

Quelques poussins de poules d’eau, nés dans le nid flottant, s’activent à attraper les nombreux insectes qui survolent l’eau. Les Rodgersia fleurissent au-dessus de leurs grandes feuilles. Plantée en eau peu profonde, la pontédérie à feuilles en forme de coeur, Pontederia cordata, est une excellente plante filtrante, qui a le mérite de ne pas être envahissante. Les fleurs sont habituellement violette, mais j’ai ici la sélection blanche, ‘Alba’. Les feuilles, comme les épis, se dressent élégamment au-dessus de l’eau.

Le jonc fleuri, Butomus umbellatus, penche gracieusement ses inflorescences au-dessus de l’eau. Il est également planté immergé à faible profondeur.

Juillet

C’est l’été et tout est vert. Les grandes feuilles des Darmera, des Rodgersia et des Hosta cachent les berges et créent des refuges pour les oiseau d’eau et les batraciens. La variété de hosta, d’un vert très lumineux, s’appelle ‘Guacamole’. Les canards se chargent de les protéger des limaces. Même l’eau est devenue verte car des algues se sont développées.

Les roseaux sont poétiques devant la barque échouée (un naufrage involontaire devenu élément décoratif et très apprécié par la faune aquatique). Ils sont toutefois affreusement dominants et il faudra mettre ses bottes et en arracher un certain nombre, ce qui n’est heureusement pas très difficile.

Août

Les persicaires apprécient les sols frais et sont en pleine fleur à la fin de l’été. Leur aspect très naturel convient très bien pour ce genre de situation. Il apportent une touche de couleur bienvenue en ce moment creux.

Septembre

Les fleurs des Rodgersia, d’abord blanches, prennent maintenant des tons bronze. Les feuilles commencent à se flétrir.

Dans l’eau, on voit une quantité de feuilles en forme de flèche. Il s’agit de Sagittaria sagittifolia, la sagittaire, une peste envahissante à éviter. La plante se répand effectivement rapidement par rhizomes et par graines. Les tiges sont très cassantes, les rendant quasiment impossibles à arracher. L’invasion est souvent un risque avec les plantes aquatiques; mieux vaut se méfier!

Octobre

Les plantes aquatiques et les algues disparaissent sous la surface dès que les températures baissent. Les arbustes sur les berges commencent à colorer. Parmi les premiers, les Euonymus alatus, au port évasé, passent au rose. Les Pennisetum commencent à prendre des tons paille.

Novembre

C’est ce mois-ci que le couleurs deviennent vraiment flamboyantes, presque irréelles dans les rayons du soir. L’eau noire et immobile reflète fidèlement les silhouettes. Le petit arbre rouge à gauche est le très beau sorbier Sorbus randaiensis. A droite, l’attention est attirée par deux formes de Nyssa sylvatica: ‘Autumn Cascade’, un pleureur, à l’avant et ‘Sheffield Park’, plus rouge, au fond. Ces petits arbres apprécient les situations humides.

Décembre

Le givre est de retour et une fine pellicule de glace s’est formée sur les parties ombragées de l’étang. Une faible lumière nordique effleure les formes. La végétation des berges s’est flétrie. Tout est propre et pur. Son cycle achevé, la nature se fige dans une grande paix.

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