Le figuier de Barbarie, une alternative au barbelé!
Quiconque s’est rendu dans le pourtour méditerranéen, au Mexique ou en Afrique, connaît la silhouette caractéristique du figuier de Barbarie ou figuier d’Inde: un enchevêtrement de raquettes vertes et piquantes surmontées de gros fruits colorés. La plante est un monstre intéressant, presque aussi bénéfique que terrifiant.
Il s’agit d’un vrai cactus, Opuntia ficus-indica, qui, comme tous les vrais cactus, est originaire du continent américain et, en particulier, du Mexique ou on l’appelle nopal. La plante était inconnue en dehors de ce territoire jusqu’au débarquement de Christophe Colomb, et fut introduite dans la zone de Monaco et de Menton vers 1535. De là, suivant le colonisateur à travers le monde, elle se répandit rapidement dans le bassin méditerranéen, en Afrique, en Inde et jusqu’en Australie et en Nouvelle-Zélande. En Australie, ce végétal adapté au désert se découvrit un territoire idéal et devint rapidement un fléau national qui envahit les terres agricoles et devint quasi indestructible, créant ce que les australiens appelèrent le green hell (l’enfer vert). Seule un guerre biologique au moyen d’un parasite en vint finalement à bout. Les plantes peuvent être des colonisateurs aussi dangereux que les hommes…
Dans la nature, il y a environ 140 espèces d’Opuntia, auxquels s’ajoutent d’innombrables cultivars décoratifs, avec des cladodes de tailles et de formes différentes, munies d’épines plus ou moins nombreuses et décoratives. Certaines de ces sélections, de moindre dimensions, conviennent pour la culture en pot.
Si les fruits sont tous comestibles, l’espèce produisant les fruits vendus dans le commerce est l’Opuntia ficus-indica, dont il existe différentes variétés avec des fruits de couleurs différentes. Les pays du Mahgreb, Maroc en tête, en sont de gros producteurs (voir ‘Un fruit barbare’). Au Mexique, on consomme aussi les raquettes, les nopales ou nopalitos, dans différentes préparations. Après les avoir débarrassées de leurs épines, on coupe les raquettes en lamelles qui sont ensuite bouillies pour en faire sortir la substance baveuse. Elles peuvent ensuite être rôties ou frites et intégrées dans des nombreuses recettes.
Au bout de quelques années, les tiges se lignifient, ce qui devient nettement moins esthétique. Il vaut mieux à ce moment là rajeunir la plante à partir d’une nouvelle cladode. Ces troncs sont formés de couches de fibres alvéolées, utilisées parfois pour des objets décoratifs.
Parmi d’autres usages utiles, on peut utiliser ces cactus pour produire des biocarburants, la peau des cladodes comme alternative au cuir, sans parler des usages alimentaires, médicinaux et cosmétiques. On me dit que dans les campagnes en Italie, les paysans enterraient ces grosses palettes vertes pour servir d’engrais naturel à d’autres végétaux.
Sous contrôle strict, le figuier de Barbarie est donc une plante très utile.
Il reste que ces grandes raquettes aux fruits colorés ont une valeur décorative certaine. Percez un bon trou et attachez la raquette avec une corde solide car l’ensemble est très lourd. Prélevez des raquettes avec des fruits pas tout à fait mûrs. Ce décor rustique tiendra près d’un an. On peut aussi graver un dessin ou une inscription sur les raquettes qui se cicatrisera et restera bien visible.
Peu de plantes sont à la fois aussi attrayantes que rébarbatives que l’Opuntia. Je préfère en conséquence prélever les fruits chez les voisins que de les introduire dans mon propre jardin! De votre côté, si votre climat ne vous permet pas la culture de cactées, vous pourrez vous contenter d’ajouter les termes cladodes et glochides à vos jeux de société…