La canicule: les victimes
Les jardins de climats tempérés ne sont pas du tout armés pour affronter les sécheresses prolongées, les vents soufflant comme un sèche-cheveux et les périodes de canicule à répétition. C’est ce que l’été 2022 leur a infligé. Encore peut-on s’estimer heureux que tout le couvert végétal ne soit pas parti en fumée. Voici un constat partiel des dégâts. Une collection de photos désolantes pour changer…
Dans les arbres, la situation peut être très différente selon leur emplacement, dans un bois ou isolés, exposés au vent, sur une côte ou dans un fonds. La nature du sol est bien entendu primordiale: les sols sablonneux ne retiennent aucune humidité alors que les sols argileux se compactent mais sont quand même plus favorables. Ce tulipier, planté dans la pelouse (du moins c’était une pelouse…) manque probablement de l’humus qu’il aurait eu dans le bois. La plupart des feuilles sont tombées ou desséchées sur les branches. Quelques rares petites feuilles assurent encore la photosynthèse.
Ce qui est certain, c’est que cet arbre n’offrira pas son spectacle automnal habituel, quand tout le feuillage devrait virer à l’or. C’est la deuxième fois en trois ans que ce tulipier est en souffrance. Survivra-t-il?
Parmi les fruitiers, la situation est très variable. Certains, comme ce petit pommier ornemental, s’épuisent dans une production excessive de fruits. Les branches cassent sous leur poids. Parmi les cerisiers du Japon, les uns semblent résister relativement bien alors que d’autres, comme ce Prunus incisa, sont complètement brûlés par la sécheresse et le soleil. Ce n’est qu’au printemps prochain que l’on pourra constater les vrais dégâts quand on verra quels sont les arbres qui ne repartent pas. Si beaucoup peuvent survivre à un stress occasionnel, beaucoup succombent quand ces conditions extrèmes se répètent.
Le malheur est que les dégâts peuvent avoir des répercussions à long terme. Il faut d’abord du temps pour que les mécanismes naturels reprennent. Un orage n’y changera rien. Ensuite, l’affaiblissement général de la plante augmente sa susceptibilité aux maladies, aux champignons et aux attaques d’insectes. Le cas des scolytes (un coléoptère qui creuse des galeries sous l’écorce des arbres) qui ont décimé les plantations de conifères dans de nombreux pays européens en est un exemple.
Les arbustes à feuilles caduques semblent avoir particulièrement souffert. Un des problèmes est que nous les plantons souvent devant des haies ou des arbres plus grands. Ces derniers, avec leur développement racinaire plus développé et plus profond, pompent le peu d’eau disponible. Souvent, le feuillage est grillé sur une partie de la feuille ou de la plante. La reprise au printemps reste encore possible mais n’est pas garantie. Nous n’aurons pas de beaux feuillages d’automne.
Dans l’ordre: Kolkwitzia amabilis, Weigelia, Hamamelis et Stephanandra. Ce dernier, avec ses belles branches arquées qui jaunissent à l’arrière saison, est une de mes ressources favorites pour les bouquets d’automne. Je devrai m’en passer cette année… Le Parrotia est déjà rouge et vire au brun. Le Cornus kousa est lui aussi affreux!
Les stars de l’automne que sont les Hydrangea ne brilleront pas non plus en 2022: les feuilles pendent comme de tristes torchons et les fleurs, séchées avant même de s’épanouir ne coloreront pas. Les Hydrangea macrophylla, très gourmands en eau, sont parmi les premières victimes. Les feuilles velues des magnifiques Hydrangea villosa ne semblent malheureusement nullement les protéger du soleil. Seuls les Hydrangea paniculata semblent résister un peu.
Le constat désolant est que beaucoup de nos grands favoris ne sont pas adaptés à un climat plus chaud et plus sec. Si c’est cela qui nous attend, nous devrons radicalement changer notre conception du jardin et peut-être dire définitivement adieu à de fidèles amis. J’ai perdu trop de rhodos ces dernières années et l’attitude logique et raisonnable serait de ne plus en planter. Nous devons changer notre fusil d’épaule et nous adapter, faute de quoi nous aurons un désert.
Le tuyau d’arrosage n’est pas une option!