Un pavot géant venu de Californie
Romneya coulteri, le roi des pavots.
On l’appelle communément ‘pavot en arbre’ ou plus prosaïquement ‘oeuf sur le plat’. Le nom scientifique de Romneya coulteri n’est peut-être pas des plus simples car il se réfère à deux irlandais, l’astronome et pasteur anglican John Romney et le botaniste et médecin Thomas Coulter. Tous deux vécurent au 19ème siècle et le dernier explora le Mexique où il découvrit et nomma cette plante jusqu’alors inconnue en Europe.
Comme nos pavots et coquelicots, Romneya fait partie de la famille des papavéracées et cela se remarque facilement à sa capsule de graines et ses pétales chiffonnés comme du papier crépon. La comparaison s’arrête là car le pavot en arbre peut atteindre 2 mètres de haut et est une plante vivace. On le voit ici en compagnie d’ Allium ‘Summer Drummer’ qui atteint aussi les deux mètres. Peu à peu il forme une très grande touffe, avec de longues branches au feuillage gris-vert, portant plusieurs grandes fleurs blanches au début de l’été, photographié ici début juillet. L’effet est saisissant.
L’habitat naturel de Romneya coulteri est le maquis du chaparral en Californie et en Baja California au Mexique. Le climat y est méditerranéen, avec des étés torrides et secs et des hivers humides. Il pousse dans les canyons et est une des premières plantes à réapparaître après les incendies (fréquents comme on sait). On peut en tirer des conclusions pour nos jardins. Le pavot en arbre est parfaitement adapté à un jardin sans arrosage en Méditerranée, dans un sol bien drainé, voire rocailleux. Il se plaît sur un talus que ses rhizomes profonds peuvent stabiliser.
Une adaptation moins sympathique à la sécheresse est que les plantes laissent tomber leurs feuilles vers la fin de l”été, début de l’automne, et on pourrait les croire morts. Ce n’est qu’une économie d’eau et d’énergie et il suffit de recouper les branches à la base. Utilisez le matériau comme paillage au pied. Dès le printemps, après quelques bonnes pluies d’hiver, la plante repartira de plus belle. Les rhizomes souterrains lui permettent de se multiplier efficacement et dans certains contextes la plante est réputée envahissante. En attendant, en avoir déjà une est un bonheur dont je ne me priverais pas!
La petite cousine charmante que l’on connaît bien sous le nom de pavot de Californie, Eschscholzia californica. Son nom à l’orthographe redoutable honore un botaniste balte. C’est la fleur nationale de la Californie, où elle peut couvrir des champs entiers de ses fleurs orange vif. Dans des climats très doux elle peut être vivace mais elle est plus souvent annuelle. Il suffit de semer les graines à la volée sur une terrain chaud et sec. De nouveaux tons plus pastels ont été introduits si l’orange vous effare. Le feuillage glauque et finement divisé est un atout supplémentaire. Une solution de consolation pour ceux qui ne pourraient réussir le pavot géant!
Photo: Sergio B.