Un Keukenhof au ras des pâquerettes

Le jardin de Keukenhof au Pays-Bas est réputé pour ses milliers de bulbes éclatants, plantés en grande masse, avec un discernement limité pour les assortiments de couleur. Les tulipes du rouge le plus vif y côtoient volontiers les narcisses jaunes et les jacinthes bleues. Tout y est parfait, rigide et … antinaturel. Pour ma part, je préfère des plantations monochromes: les narcisses blancs d’un côté du jardin, les jaunes de l’autre. Pourtant, il y a un petit espace près de la maison, sous un arbre, où j’ai planté tous les petits bulbes qui me tombaient sous la main, toutes couleurs confondues. C’est mon Keukenhof miniature, pas plus haut que 20 centimètres et en fleur de début février à mi-mars. La bonne humeur assurée!

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Planter sous la couronne d’un grand arbre à feuillage caduc est une situation assez idéale pour les bulbes. A partir de l’automne ils bénéficient de la pluie pour commencer à se développer, puis du soleil de printemps pour fleurir. Quand l’arbre débourre et commence à pomper l’eau du sol, le bulbe entre en dormance et ne risque pas de pourrir. De plus, au pied des arbres le gazon pousse peu et on peut éviter de tondre cet emplacement, au moins jusqu’en juillet, laissant le feuillage des bulbes compléter son cycle.

Choisissez un emplacement pas trop éloigné de la maison pour profiter du spectacle; en hiver on ne va pas tous les jours jusqu’au fond du jardin!

Les premiers à pointer le bout de leur nez sont les perce-neige, dont j’ai planté diverses sélections. J’en ai trouvé certaines dans le jardin quand nous avons acheté la propriété il y a plus de vingt ans, dont cette forme double et ce très beau grand perce-neige à feuillage vert vif.

La merveille des merveilles apparaît en même temps que les perce-neige: les précieux Iris reticulata. Bien qu’ils n’atteignent que 15 cm, ces petis iris sont splendides et relativement méconnus. L’espèce est généralement bleu violacé mais il y a quelques sélections comme cette étonnante version pâle, ‘Katharine Hodgkin’. Nijssen Bulbs en propose plus de 10, du blanc au pourpre. On les vend parfois en pot pour la maison. Ces minis iris sont originaires des montagnes de Turquie et du Moyen-Orient et sont donc assez résistants au froid. En revanche, ce sont des habitués des étés secs et torrides et les bulbes craignent par dessus tout l’humidité estivale. La plantation au pied d’un arbre résout ce problème, de même qu’une rocaille ou un pot.

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Les crocus prennent rapidement la relève et peuvent créer de grands tapis colorés. Chez Catherine Lippens, quelques touffes de crocus plantés à l’origine se sont plus et multipliés en masse sous les bras protecteurs d’un immense platane dont les branches basses se sont enracinées. Ils bénéficient du soleil de printemps et de la protection d’un tapis de feuilles l’hiver. Le spectacle est mystérieux et enchanteur. C’est tout autre chose que le baliveau planté droit comme un soldat, entouré de ses 3 solides piquets, dans une pelouse tondue à ras.

Un excellent crocus à naturaliser est Crocus tommasianus, d’un violet vif avec des étamines et pistils oranges bien voyants. Cette espèce sauvage du sud-est européen se multiplie spontanément et peut rapidement coloniser une pelouse entière. Le spectacle est précoce, magnifique, mais de courte durée. Cela vaut la peine de réserver un espace à cette seule espèce.

Dans mon Keukenhof miniature par contre, j’ai planté un joyeux mélange de couleurs, dont le joli Crocus ‘Tricolor’ (violet, jaune et blanc) . Comme il y a malgré tout un grand nombre d’espèces différentes, la floraison s’échelonne sur un bon mois.

De très nombreux narcisses entrent dans la catégorie des miniatures, de 10 à 20 cm de haut. Le plus connu est le charmant ‘Tête-à-Tête’, jaune pur, vendu en masse à l’occasion de Pâques. Il se multiplie très rapidement quand on le replante en pleine terre. J’ai récupéré des quantités d’invendus chez le pépiniériste, prêts à être jetés sur son compost. Il existe cependant des espèces très originales dont les étonnants Narcissus bulbocodium. Tout un monde que je dois encore explorer.

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Même les tulipes ont des versions naines, que ce soient d’adorables espèces sauvages destinées aux rocailles ou plus récemment des variétés horticoles vendues pour les potées dans la maison. Elles seront les dernières à fleurir. Ces mignonnes petites tulipes doubles, produisant plusieurs fleurs par tige, étaient vendues sous le nom de tulipes crocus. Il s’agit probablement d’une sélection de Tulipa humilis, bien nommée pour sa taille diminutive.

Pour la plantation il y a deux options. Si vous partez de zéro, le mieux est de planter vos bulbes à partir de septembre. Pour les adresses d’achats de bulbes en ligne référez-vous à l’article ‘Rêvons le printemps’ du 2 octobre 2020.

Vous trouverez de nombreux bulbes de petite taille à essayer: Chionodoxa, Pushkinia, Ipheion, Muscari

Si vous avez déjà une base, vous pouvez planter ‘en vert’ des bulbes achetés en jardinerie et bien sûr tous les bulbes utilisés en pot dans la maison et que vous pouvez recueillir chez les amis qui n’ont pas de jardin pour les replanter. C’est par cette action de sauvetage que j’ai fini avec un parterre si bigarré! Veillez à bien séparer les bulbes car on les vend serrés comme des oignons dans leur pot. Vous pouvez aussi diviser les touffes que vous avez déjà pour les multiplier en les replantant plus loin. Cette opération est même recommandée car la plupart des bulbes forment de nombreux bulbilles qui au bout d’un certain temps se chevauchent et ne fleurissent plus par manque d’espace. C’est également la meilleure solution pour remplir les trous une fois le parterre en fleur.

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L’indifférence souveraine…

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