Guirlandes d’amour, rosiers grimpants en robe de mariée

On ne peut laisser passer juin sans parler de roses. Le beau temps de ce printemps leur a été propice et les orages ne sont pas venus ruiner le spectacle. Admirons en particulier quelques rosiers grimpants blancs qui peuvent illuminer un mur, couvrir une pergola ou une gloriette ou s’adosser à une colonne. Ces grimpants-ci diffèrent des vigoureuses lianes presque ingérables dont j’ai parlé en juin dernier, du genre ‘Hidcote’ ou ‘Bobby James’, car ils peuvent être aisément domptés et palissés selon votre volonté.

Guirlande d’Amour'

Commençons par un cocorico: le rosier ‘Guirlande d’Amour’ est une création du célèbre rosiériste belge Louis Lens, datant de 1995. Lens s’est spécialisé dans ce qu’on appelle les roses hybrides de moschata, issus de croisements comprenant des gènes de Rosa moschata, la rose musquée. ‘Guirlande d’amour’ est une de ses réussites les plus éclatantes. Ce type de rosier se caractérise par une floraison remontante dans les périodes mai-juin puis septembre-octobre, suivie par de jolis cynorrhodons.

En réalité, il s’agit d’un grand arbuste, mais la plupart des jardiniers l’utilisent comme petit grimpant, flexible et idéal pour couvrir une arche, une gloriette ou une clôture. Il a l’avantage de ne pas se dégarnir dans le bas car les hybrides de moschata forment constamment de nouvelles pousses à partir du point de greffe.

Les grappes allongées, comptant des dizaines de petites fleurs, sont une autre caractéristique de ce type de rosier. Elles sont semi-doubles et uniformément blanches, même en bouton. La seule note de couleur des fleurs provient des étamines en leur coeur.

Une arche couverte par ‘Guirlande d’Amour’ en fleur est le lieu rêvé pour échanger des voeux!

Sourire d’Orchidée

Voilà bien un nom charmant pour ce rosier aux fleurs romantiques, légèrement nacrées de rose avant de devenir blanches. Le bouton rose allongé et les nombreuses étamines jaunes sont particulièrement plaisantes. Nous avons affaire ici à une rose française, du pépiniériste Paul Croix, datant de 1985. Comme pour le rosier précédent, il s’agit d’un grand arbuste vigoureux et de croissance rapide qui peut être conduit en grimpant jusqu’à 3m environ. Les fleurs sont également groupées en bouquet et une floraison d’automne succède à la floraison printanière. Le feuillage vert clair est très sain. Un des avantages de ‘Sourire d’Orchidée’ est qu’il s’accommode également des climats chauds.

Starlight Symphony

Quand on parle de roses, les britanniques ne sont bien sûr pas en reste. Voici une nouveauté du rosiériste Harkness, obtenue en 2018 et votée rose de l’année au Royaume-Uni en 2019. ‘Starlight Symphony’ atteint lui aussi les 3 mètres et offre une bonne seconde floraison en arrière saison.Les fleurs semi-doubles et gracieusement chifonnées sont de taille moyenne et se distinguent pas des étamines d’une couleur rose inhabituelle. Le bouton est légèrement nacré. A essayer…

Félicité et Perpétue

Retour aux classiques avec une rose des plus charmantes où un bouton rose vif éclot en une petite fleur en pompon, blanche et chiffonnée à l’ancienne. Son parfum est léger mais bien présent. Elle date de 1827 mais reste une grande favorite et n’a rien à envier aux roses contemporaines en matière de santé et de résistance aux maladies. Il s’agit d’un hybride de Rosa sempervirens ce qui implique que son feuillage est semi-persistant et qu’elle peut s’acclimater dans des climats méditerranéens. Ce rosier fleurit aussi 15 jours plus tard que la plupart des autres rosiers grimpants, assurant un bon relais. J’ai retrouvé dans mes notes que j’ai planté ce plant en 1999 sur l’arcade. Durant toutes ces années ce petit grimpant s’est maintenu avec une taille annuelle et aucun autre soin, produisant 4 ou 5 nouvelles branches annuelles suffisantes pour couvrir le support. Jamais il n’a débordé de l’espace qui lui était imparti. Vous l’aurez compris, c’est un de mes grands favoris même s’il n’y a qu’une floraison!

Curieux du nom? Félicité et Perpétue étaient des martyres chrétiennes, sacrifiées dans l’amphithéatre de Carthage en 203 pour avoir refusé de renier leur foi.

Mountain Snow

Ces quatres premiers rosiers grimpants sont très flexibles et de taille limitée. Si vous voulez monter à 5 mètres il vaut mieux choisir un des deux suivants qui, tout en étant grands et vigoureux sont malgré tout faciles à palisser et moins dangereux à tailler que les vraies lianes. Rosa ‘Mountain Snow’ a été produit par David Austin en 1985. Il présente de très grandes fleurs ouvertes en bouquets. Le bouton est d’un joli rose pâle. Malheureusement il n’y a qu’une floraison unique en juin.

City of York

Produit par l’autre célèbre rosiériste anglais qu’est Peter Beales, la rose ‘City of York’ que j’ai plantée sur la façade ouest de la maison fait toujours grande impression en juin. La floraison est unique mais spectaculaire; les grandes fleurs semi-doubles aux étamines jaunes voyantes se détachent sur un magnifique feuillage luisant. Elles seront suivies par de gros cynorrhodons rouges, très décoratifs pendant tout l’hiver. C’est d’ailleurs le seul rosier grimpant que je taille au printemps plutôt qu’à l’automne pour mieux en profiter.

Ces grands rosiers finissent par former des troncs épais et se dégarnir un peu à la base. Il est donc indiqué de planter des arbustes à leur pied ou d’y enfiler une clématite.

Le secret d’une telle masse fleurie réside évidemment dans la taille et le palissage. Référez-vous à l’article ‘Taillé et ligoté’ de novembre 2020 que vous retrouverez sous Sommaire sur la page d’accueil du site.

Observez et patientez: un rosier grimpant bien soigné vous accompagnera pendant des dizaines d’années. Dès lors, comme pour un arbre, mieux vaut faire le bon choix. J’ai moi-même été victime d’un choix impulsif! Après avoir visité le jardin blanc de Sissinghurst, je me suis enthousiasmée pour le grand rosier blanc ‘Mme Alfred Carrière’ qui y couvrait la haute tour. Comme je le regrette! Même si la fleur est ravissante et parfumée et devance les autres roses au printemps, la plante est insupportable, produisant sans cesse de longs jets désordonnés très sujets à l’oïdium et à l’enroulement des feuilles. La plante est aujourd’hui si grande qu’il me serait impossible de l’enlever. On ne jardine pas sans erreurs …

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