La relance du potager

Août est le mois de l’abondance; le potager regorge de légumes. Les pluies (sur)abondantes du nord de l’Europe ont été favorables à la végétation. Si les limaces ont été prises de vitesse, vous devriez être en train de vous demander ce que vous allez faire avec tant de courgettes et de haricots. Pourtant, une fois passées les grosses chaleurs de juillet, dès que la terre s’ameublit après les premières pluies (cette année on attend plutôt la fin des pluies), le moment est propice pour refaire une série de semis et de plantations en vue de la fin de l’automne et de l’hiver.

La première chose à faire est de s’assurer d’une bonne provision de feuilles pour les salades. On peut encore semer des laitues ou en repiquer des jeunes plants: la Merveille des Quatre Saisons, l’Iceberg ou la Romaine. C’est surtout le moment de penser aux nombreuses variétés de chicorées, parfaitement adaptées à la culture d’automne. On cultive traditionnellement la chicorée endive ou scarole, la frisée, la chicorée italienne Radicchio Rouge de Trévise ou la chicorée Pain de Sucre.

Pour des salades vitaminées semez plusieurs rangées de mâche; c’est la salade d’hiver par excellence car elle supporte les gelées. La culture est des plus simples car elle se sème en ligne ou à la volée, directement en place, sans nécessiter de repiquage. On trouve aussi des graines en ruban avec l’espacement idéal. Il existe plusieurs variétés de mâche que l’on peut classer en deux groupes: à feuilles plus longues ou à feuilles petites et rondes. Si les premières sont plus faciles à cueillir et à nettoyer, les secondes sont à mon avis plus croquantes et gouteuses.

Peut-être avec vous remarqué cette ‘mauvaise herbe’ qui rampe sur le sol de votre potager? Cette plante grasse, aux feuilles épaisses et luisantes et aux grosses tiges rouges, est en fait du pourpier sauvage, Portulaca oleracea. Elle aime particulièrement la chaleur. Loin d’être mauvaise, c’est une comestible excellente, tant crue que cuite. Laissez-la donc proliférer! En revanche, si vous préférez une variété horticole, il est encore temps de semer le pourpier doré à larges feuilles. Creusez un sillon très peu profond et arrosez le. Éparpillez les toutes petites graines et ne les recouvrez pas. Veillez à maintenir le semis humide. Vous pourrez ensuite couper les tiges feuillues aux ciseaux avant que les graines ne se forment. La combinaison courgette-pourpier fait un délicieux potage, au goût légèrement citronné.

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Après la récolte de l’ail et des oignons, des radis de printemps et des petits pois, il devrait y avoir des espaces vides au potager. Il y a encore de nombreux semis que vous pouvez faire. Prévoyez quelques rangées d’épinards, qui apprécieront le temps plus frais et plus humide. ‘Géant d’Hiver’ est tout indiqué et peut se semer jusqu’en octobre. La claytone de Cuba ressemble au pourpier et donnera de bonnes feuilles pour salades et potages. Pour ma part, je sème toujours les navets à cette saison plutôt qu’au printemps. On peut les semer à la suite des pommes de terre primeures déjà récoltées. Ils atteindront leur maturité dans 3 mois et sont moins sensibles aux maladies tels que l’altise et la mouche du navet qu’avec un semis de printemps. De toutes façons, je vois le navet comme un légume de pot-au-feu, peu tentant avant les frimas. Ajoutez quelques plants de brocolis et de chou-fleur pour une récolte en fin d’hiver. Je sème en pot les délicieux brocolis à jets violets ou brocolis asperge que je repiquerai et qui produiront en mars. N’oubliez pas les formidable radis d’hiver dont j’ai parlé dans l’article “Du fluo dans l’assiette” le 5 février dernier. Et profitez de l’espace pour ajouter quelques poireaux d’hiver; on n’en a jamais assez! Pour leur repiquage, voir “Des provisions de poireaux” du 11 juin 2021.

Quand vous aurez fait ce remplissage qui vous assurera l’abondance jusqu’au printemps, pensez encore à enrichir votre terre en semant un engrais vert dans le moindre espace qui se libèrera. Il y a de nombreux choix possibles en agriculture biologique: trèfle, vesces, moutarde. Chacune a ses qualités et leur utilisation demande quelques connaissances. Etant apicultrice amateur, j’opte pour la phacélie qui produit une fleur attrayante et très mellifère. Elle a l’avantage de se couper et de s’intégrer au sol très facilement sans jamais devenir envahissante.

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Outre ces nouvelles cultures, il y a celles qui peuvent être ‘relancées’, les haricots par exemple. Si vous avez eu la chance de pouvoir vous évader quelques semaines, vous retrouverez des plantes croulant sous les gousses filandreuses. Prenez vos courage à deux mains et récoltez tout; la production repartira bientôt. Le plant de haricot qui n’a pas accompli sa destinée de produire des graines fera un nouvel effort.

Que faire de ces gros haricots nettement moins appétissants que les petits jeunes? Mon amie Ariane propose la solution: une délicieuse purée à surgeler pour les repas familiaux improvisés. Faites bouillir les gousses dans de l’eau salée jusqu’à ce qu’ils soient bien tendres (il ne s’agit pas de juste les blanchir), puis passez les au blender avant de surgeler la purée en portions. Au moment de les dégeler, pressez la purée pour éliminer l’excédent d’eau et améliorez avec de l’huile d’olive ou de la crème fraîche (pour les impénitents). Vous aurez marqué quelques points ODD (Objectifs de développement durable) en contribuant à lutter contre le gaspillage alimentaire! Merci Ariane!

Au rayon des petits fruits, il faut aussi relancer les framboises remontantes pour la récolte d’automne. Si vous avez planté des variétés dites ‘remontantes’, ce que je vous conseille vivement car rien n’est plus agréable que de se gaver de framboises de septembre à novembre, le moment est venu de faire une petite intervention. Il convient de couper au ras du sol les cannes d’été qui ont déjà fructifié et sont épuisées. On les distingue facilement à leur aspect brun et sec. Les nouvelles cannes qui se préparent à produire peuvent facilement être rattachées par une ficelle pour éviter qu’elles ne se cassent. Les framboisiers sont des plantes qui aiment la fraîcheur et l’automne leur convient très bien. D’ailleurs l’Ecosse et le Canada produisent certaines des meilleures framboises et beaucoup de sélections en sont originaires. La fleur de framboisier est un bonus pour les abeilles qui y trouvent du nectar à une saison où les sources sont réduites. Pas d’inquiétude pour les filets qui protègent vos framboisiers des oiseaux; les abeilles passent au travers sans problème!

Au programme de votre retour de vacances: deux ou trois jours de travail intensif au potager. Mais vous voilà repartis jusqu’au printemps. Il ne reste plus qu’à cueillir et à faire vos menus!

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