L’éloge des simples
Au départ, on voyait un potentiel alimentaire et éventuellement médicinal à cette plante; les Aztèques la mangeaient et l’Europe connaissait encore des famines récurrentes. Les plantes ornementales restaient le privilège des princes. Malheureusement, le rhizome de dahlia n’eut pas le même succès que les tubercules de pommes de terre et ses promesse alimentaires s’arrêtèrent là. On lui découvrit bientôt un potentiel plus futile. Importée d’Espagne en Angleterre dans les dernières années du 18ème siècle, le dahlia connut bientôt une seconde vie comme fleur de jardin.
Les horticulteurs découvrirent que le dahlia était en fait un hybride naturel et que ses semences faisaient apparaître de nouvelles formes et différentes couleurs. A partir de là les choses allèrent vite: une première forme double apparut, puis les dahlias dits ‘anémone’ vers 1830, les ‘pompons’ vers 1850. Enfin les ‘cactus’ furent développés aux Pays-Bas à la fin du 19ème siècle. La création de nouveaux cultivars devint vite une folie, une véritable dahliamanie; plus on pouvait faire grand, fou, coloré et tarabiscoté et plus on les aimait. Le dahlia devint une des fleurs cultes du 19ème siècle … avant d’êtres abandonnées par dégoût pour tant d’excès.
Aujourd’hui elles reviennent à la mode, avec plus de modération. On leur découvre des usages plus naturels, et même des mérites écologiques. Ces derniers ne concernent toutefois que les dahlias dont le coeur est ouvert et accueillant pour les insectes, essentiellement les dahlias simples. Longtemps délaissés, les simples reviennent en force.
Même s’il figure rarement sur la liste des fleurs recommandées pour les pollinisateurs, le dahlia est une plante à nectar formidable. L’avantage est que la floraison est très longue, commençant fin juin et se prolongeant jusqu’aux gelées. De plus, couper les fleurs pour ses bouquets encourage la formation de nouveaux bourgeons. Cette source de nectar tardif est particulièrement précieuse pour couvrir les moments de disette. Par contre, ce ne sont que le fleurs simples ou semi-doubles dont les étamines sont bien apparentes qui offrent cet avantage. Il convient donc de leur trouver une place. Le choix est vaste et, pour être plus simples, les fleurs n’en sont pas moins belles.
Quelques exemples, de mon jardin (sans noms car souvent reçus) et de la belle collection de Sophie:
‘Honka Yellow’ une étoile dorée simple et raffinée
? une simple rose pâle et crème, très raffinée, qui plaît aussi à un paon de jour
? un dahlia blanc pur aux pétales joliment ourlés
‘Waltzing Matilda’, semi-double, un bel orange strié de rose et d’or
‘Bishop of Leicester’ rose pâle strié sur feuillage foncé
‘Marie Schnugg’, simple, pétales rouges tout fins et enroulés
‘Orphéo’, un cactus magenta
‘Rejmans Firecracker’, un cactus jaune strié de rouge
‘Hemera’, simple, pétales ovales, magenta maculé de blanc
Il existe aussi une série de dahlias nains simples, les dahlias ‘Figaro’. Ceux-ci conviennent parfaitement pour l’avant des parterres et même pour des pots. Là aussi, une gamme complète de couleurs vous est proposée et le floraison est continue.