La primevère, petite première

La primavera en italien, c’est le printemps et le titre du célèbre tableau éponyme de Botticelli. Primula, le nom du genre auquel appartiennent les primevères, veut dire ‘petite première’ en latin. Le nom est bien choisi car, parmi les centaines d’espèces que compte ce genre, beaucoup proviennent des montagnes d’Europe et d’Asie, et fleurissent dès la fonte des neiges. D’autres fleurissent jusqu’en juin.

Ce que la plupart des gens connaissent en matière de primevères sont les hybrides aux couleurs vives vendues chez les fleuristes. On les voit le plus souvent dans les couleurs primaires: rouge, jaune et bleu. Certaines sont plus subtiles et parfois même doubles. Les fleurs ont des pédoncules très courts, une caractéristique de Primula acaulis (sans tige).

Après les avoir utilisés dans la maison, si le feuillage est encore en forme, vous pouvez tenter de les replanter au jardin. Il existe toutefois des espèces beaucoup plus belles et plus adaptées au jardin dont voici quelques exemples.

Primula vulgaris

La primevère commune est une petite indigène de nos contrées, l’ouest et le sud de l’Europe. Courte sur pattes, généralement jaune pâle avec un joli feuillage arrondi, elle pousse sur les talus ombragés et humides et en montagne. Là où elle se plaît, elle forme de belles colonies car elle se ressème facilement. Si on en a, on peut les multiplier en divisant les touffes. L’espèce a servi à créer les hybrides que nous connaissons.

Primula veris

Autre espèce sauvage européenne, la primevère officinale a de petites fleurs jaune vif bien dressées au-dessus du feuillage. Elle se distingue par 5 taches oranges à la base des pétales. Son nom latin signifie ‘petite première du printemps’ car ver, veris, que l’on retrouve dans primevère, est le printemps.

Pour avoir de belles quantités de plantes, on peut semer les primevères en janvier/février car elles ont besoin d’une période de froid pour germer. Le mélange ‘Sunset Shades’ couvre la gamme du jaune au bordeaux en passant par des tons cuivrés.

Primula elatior

Elatior veut dire ‘plus haute’ et cette espèce de primevère sauvage, très similaire à la précédente, pousse à travers l’Europe et la Russie. Avec ses fleurs pendantes couleur jaune poussin, elle fleurit dès le mois de mars dans les lisières de bois humides et calcaires. Un des ses noms communs est Coucou des bois. On trouve aussi le synonyme P. veris var. elatior.

De beaux cultivars de Primula veris et elatior conviennent mieux pour le jardin que la primevère commune. Certains ont une gamme très subtile et le feuillage peut avoir des tons plus sombres. On commence à les trouver dans les jardineries, mais l’idéal est de faire un semis.

Primula denticulata

La primevère denticulée (nommée pour le bord dentelé de ses feuilles) est très facile à reconnaître par ses ombelles sphériques portées sur de grosses tiges rondes. Originaire d’Asie, elle affectionne les endroits restant bien mouillés toute l’année mais est facile à cultiver.

La gamme de couleurs va du blanc au violacé, les cultivars ‘Alba’ et ‘Rubin’ étant couramment proposés.

Primula japonica

Si on a la chance d’avoir le biotope approprié, c’est à dire un bord de ruisseau ou d’étang non calcaire, la primevère japonaise est la plus désirable de toutes. La photo ci-contre a été prise dans le jardin de Sue en Ecosse: un climat parfait. Appelée aussi primevère candélabre ou, plus prosaïquement, primevère à étages, cette vivace produit des hampes florales qui peuvent atteindre 60 cm avec jusqu’à 6 ‘étages’ de fleurs. Comme ces niveaux s’ouvrent successivement, la floraison est prolongée, de mai à juillet environ.

Primula japonica ‘Miller’s Crimson’ (cramoisi) et ‘Apple Blossom’ (rosé) sont des sélection méritantes.

Primula bulleyana (jaune orangé) et Primula beesiana (violet) sont d’autres très belles espèces à étages.

Primula vialii

Venant des montagnes humides de Chine, cette espèce-ci est très différente d’aspect avec ses inflorescences pointues et une combinaison étonnante de fleurs mauves émergeant de boutons rouges. On l’appelle communément primevère orchidée. Elle est cependant facile à cultiver dans des conditions d’ombre humide. La floraison est aussi plus tardive, estivale plutôt que printanière. La seule difficulté est de garder les plantes sur plusieurs années alors que nos conditions climatique sont devenues tout sauf constantes.

Primula sieboldii

Voici par contre une espèce qui semble parfaitement heureuse chez moi dans un sous-bois humide et humifère. Elle revient fidèlement d’année en année dès mars et se multiplie toute seule. On distingue de nombreux semis à l’avant de la photo. Pas étonnant que cette primevère soit devenue ma grande favorite. On la reconnaît à ses feuilles vert clair joliment lobées et à des fleurs frangées, comme des oeillets. L’espèce, originaire de l’est de l’Asie, est dédiée à Philipp von Siebold, médecin et botaniste allemand du 19ème siècle et personnage de roman. Avide d’aventure, il s’enrôla dans l’armée hollandaise pour se faire envoyer dans les comptoirs de la Compagnie des Indes Orientales. Il aboutit de la sorte au Japon où il apprit la langue et se mit en ménage avec une japonaise. Par son talent de médecin, il gagna la confiance de la population et des autorités et put accéder à des lieux complètement fermés aux étrangers. Ceci lui permit de renvoyer vers les Pays-Bas des spécimens botaniques encore inconnus à la science.

La variété blanche est le charmant Primula sieboldii ‘Snowflake’. ‘Lacy Lady’ est une belle variét magenta, striée de blanc.

On peut se lamenter de printemps excessivement humides, mais il y a toujours une partie du vivant qui y trouve son compte, notamment les batraciens et les primevères.

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