Le forçage du Forsythia

Quand le printemps se fait attendre, on peut hâter un peu sa venue. Traditionnellement, quand il n’y avait pas l’offre permanente que l’on a aujourd’hui chez les fleuristes, on cueillait des branchages pour ‘forcer’ leur floraison dans la chaleur de la maison. Nul besoin d’attendre Pâques pour se faire un bouquet de Forsythia.

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Dès le mois de février, quand les boutons sont encore bien fermés, à peine teintés de jaune, on peut cueillir des rameaux de Forsythia et les rentrer dans la maison. Moins d’une semaine plus tard les fleurs vont s’ouvrir, mettant une ambiance printanière dans la maison. Un fond de feuillage vert foncé mettra ces quelques branches en valeur. Dans ce cas j’ai utilisé du laurier du Portugal (Prunus lusitanica), mais le laurier cerise, du houx ou même quelques feuilles de rhododendron produiront le même effet.

Le cornouiller mâle, Cornus mas, est sans doute le plus rapide à ouvrir ses fleurs. Les petites boules sur les tiges nues éclateront en charmants petits bouquets jaunes quasiment le lendemain de la cueillette. Vous pourrez trouver des buissons de cornouiller mâle dans les campagnes, le long des chemins et dans les vieilles haies. C’est un vrai annonciateur du printemps. J’ai présenté les tiges avec quelques feuilles d’Arum italicum, une plante que l’on trouve facilement un peu partout.

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Les chatons de saule sont un grand classique pour les bouquets d’hiver et seront les premiers à fleurir, dès début février. Les chatons soyeux et argentés que nous aimons tant sont la fleur mâle du saule marsault ou saule des chèvres, Salix caprea. Cet arbuste indigène est une plante pionnière, apparaissant spontanément sur les terrains incultes, souvent en compagnie du bouleau. J’ai d’ailleurs associé les deux dans ce vase. Vous les trouverez sur des friches ou au bord des routes. Coupez les branches quand les boutons sont encore bien fermés et vous aurez le plaisir de les voir gonfler, devenir soyeux, puis se couvrir d’étamines jaunes et parfumées. Les abeilles solitaires en raffolent car elles y trouvent nectar et pollen à la sortie de l’hiver. En revanche, si vous souffrez du rhume des foins, ce bouquet sera le parfait cauchemar!

Le forçage peut se faire dès Noël. Françoise de Chimay a laissé dans l’eau de jolies branches de cornouiller et a eu la surprise de voir apparaître des feuilles et même des fleurs (un peu pâlottes par manque de lumière). La plus grande surprise a été de constater que ces tiges ont même développé des racines. Voilà des boutures faciles et de nouveaux arbustes, prêts à planter. Tous les cornouillers à bois coloré sont parfaits pour cet usage; Cornus alba ‘Sibirica’ (rouge), ‘Winter Beauty’ (orange), stolonifera ‘Flaviramea’ (jaune) par exemple.

Le groseiller à fleur, Ribes sanguinea, est un arbuste très commun dans les jardins. Vous le connaissez sûrement dans sa version sanguine justement. Ici, la sélection ‘Alba’ est moins courante. Dès février, un peu de chauffage et ces branchages ne demanderont qu’à fleurir et à former quelques feuilles tendres, du plus bel effet.

Corylopsis spicata est un excellent candidat au forçage et ne se fait pas prier pour produire ses charmantes grappes jaune acidulé. L’arbuste ressemble à un noisetier ce qu’indique d’ailleurs son nom (Corylus étant le noisetier et la terminaison -opsis voulant dire ‘semblable à’). Parfois un seul rameau peut suffire à faire entrer le printemps chez vous. Je l’ai présenté dans une bouteille de limoncello récupérée!

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Soyons zen et contentons-nous de méditer sur la beauté d’une composition minimaliste, à la japonaise. Les vases à col étroit sont excellents pour cet usage. Il suffira d’un brin de Prunus mume, l’abricotier japonais, pour embaumer la pièce d’un parfum d’amande délicieux. L’arbre fleurit dans le jardin dès mi-février, bien avant les cerisiers du Japon. Seul Prunus cerasifera, au feuillage sombre, est quasi aussi précoce et peut aussi être accéléré comme vous pourrez le voir sur les dernières images.

La sélection rose pâle de Prunus mume s’appelle ‘Omoi no mama’. Je ne sais pas au monde ce que cela veut dire mais mon truc mnémotechnique, pour ceux qui parlent le patois flamand, c’est ‘amaai men mama’…

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