Mes plantes de l’année 2022
Cette année encore, je me livre à l’exercice amusant de décerner deux médailles d’or à mes propres plantes, une pour mon jardin belge et une pour le sud de l’Italie. Il n’y a pas que les AGM (Award of Garden Merit) de la glorieuse Société Royale d’Horticulture britannique! Posez-vous la question: quelle plante vous a impressionnés, vous a fait plaisir tout au long de l’année? Pour 2022, les élues ont surtout dû prouver une résistance particulière à la chaleur et à la sécheresse!
Pour la Belgique: Calycanthus ‘Hartlage Wine’
Le nom scientifique a heureusement été récemment simplifié ( chose rare) de Sinocalycalycanthus, à Sinocalycanthus puis à simplement Calycanthus (du grec Kalyx, calice et anthos, fleur). L’obtention aux USA de ce cultivar à grandes fleurs pourpres par M. Hartlage date d’il y a une trentaine d’années et se trouve maintenant facilement en Europe. Pour être tout à fait précis dans ses recherches, il s’agit de Calycanthus raulstonii ‘Hartlage Wine’.
Les fleurs solitaires, en forme de nénuphar forment une coupe autour d’un cercle de pétales plus petits entourant les anthères. Elles sont parfumées, mellifères et appréciées des papillons. Après une première floraison en mai et juin, il peut y avoir un bis après l’été, ce qui a été le cas avec l’été 2022 particulièrement chaud.
Si ‘Hartlage Wine’ est une valeur sûre, il existe aujourd’hui quelques autres cultivars. ‘Aphrodite’ a des fleurs un rien plus grandes encore et le très beau ‘Venus’ est blanc mais un peu plus délicat. ‘Burgundy Wine’ a un très beau feuillage pourpre mais ses fleurs rougeâtres ne se détachent pas.
Après la chute des pétales, il reste une très curieuse capsule où se forment les graines. Bien que l’arbuste soit indiqué comme aimant les sols frais et que le feuillage semble peu protégé contre le soleil, il ne semble ne pas avoir souffert le moins du monde des conditions climatiques extrêmes que nous avons subies. Or, chez moi, il est planté plein sud et ne bénéficie d’aucun arrosage, juste d’un bon paillage au pied. Ceci a permis au feuillage de prendre sa magnifique couleur or en fin de saison, un des grands atouts du Calycanthus.
Pour l’Italie: Leucophyllum frutescens
Une véritable découverte pour moi a été cet arbuste qui se couvre littéralement de petites clochettes violacées, et ce plusieurs fois par an. Je l’ai planté expérimentalement il y a quelques années, séduite par son feuillage gris au revers blanc, sans savoir à quoi m’attendre. Depuis, je vais de surprise en surprise et ne peux que m’étonner que cette plante exceptionnelle ne soit pas plus répandue.
Commençons par le nom: Leucophyllum vient du grec (leucos, blanc et phyllon, feuille), ce qui clair. On observe ses petites feuilles grises, légèrement ondulées et couvertes d’un duvet blanc. Frutescens vient du latin (frutex,buisson). Cet arbuste atteint aisément le mètre cinquante mais peut être taillé pour le maintenir plus compact. Les noms communs sont toutefois plus révélateurs; en français on parle de sauge du désert ou de sauge du Texas. S’il ne s’agit pas d’une sauge, il y a un lien de parenté puisque les deux plantes appartiennent à la vaste famille des scrophulariacées. Comme les sauges, ses corolles attirent les butineuses.
Son origine désertique explique pourquoi nous avons affaire ici à un véritable champion des jardins secs, capable de vivre dans le sable, dans les cailloux, les sols calcaires et supportant même le bord de mer. Il serait même capable d’endurer des gelées jusqu’à -12°C. Son seul ennemi est véritablement l’humidité. Vous ne le verrez pas en Belgique!
Depuis, j’ai pu me procurer une autre espèce très prometteuse: Leucophyllum langmaniae, originaire des déserts mexicains, un rien plus petit et d’un ton lavande pâle. Ces bonnes plantes sont malheureusement peu vendues en pépinière mais on peut les trouver en ligne. Les sites américains déclarent que bouturer ces plantes est un jeu d’enfant. Jusqu’à présent, j’ai échoué lamentablement, alors que je rêve d’augmenter mon stock et d’en offrir à mes amis jardiniers.