Les roses indomptables

Les rosiers lianes: un feu d’artifice bref mais spectaculaire

Un grand rosier grimpant en fleur offre un spectacle incomparable. Tout le monde en rêve. N’ayant probablement qu’un nombre limité de places qui conviennent sur ses murs et sachant qu’un rosier grimpant, c’est pour la vie, il vaut mieux faire un choix qu’on ne regrettera pas. J’en sais quelque chose. De retour d’une visite à Sissinghurst, je me suis enthousiasmée pour ‘Mme Alfred Carrière’, vu en pleine gloire sur la tour du fameux jardin blanc de Vita Sackville-West. Je l’adore pendant 15 jours en mai et le maudis le reste de l’année quand il faut de longs jets désordonnés et raides avec une maigre fleur au bout! Il est pourtant décrit comme “un rosier qui ne déçoit jamais” !

Mon premier conseil est de vous méfier des rosiers lianes, véritables pythons de la jungle! En anglais ces rosiers sont répertoriés comme rambler ou rambling rose. To ramble veut dire se promener au hasard, en d’autres termes, aller dans toutes les directions. Et c’est bien de celà qu’il s’agit, des indomptables! Cette catégorie couvre des rosiers de vigueur exceptionnelle, pouvant faire des pousses de plusieurs mètres par an, produisant une profusion de fleurs, généralement simples et blanches. La floraison est unique mais spectaculaire et souvent suivie d’une belle production de cynorhodons à l’automne. Ces bêtes sauvages sont équipées d’épines récurvées , destinées à s’agripper aux arbres et qui auront tôt fait de vous lacérer le visage et les bras. Ces géants (6 à 10 m) sont parfaits si on les laisse se comporter comme elles le feraient dans la nature, en les laissant partir à l’assaut d’un arbre, mort ou vif, d’un toit, d’une grande clôture ou d’une haie. Vouloir les discipliner sur une façade de maison n’est envisageable que si l’on est prêt à livrer bataille en armure! Des noms? ‘Paul’s Himalayan Musk’, ‘Rambling Rector’, ‘Kifsgate’, ‘Mermaid’, ‘Seagull’, ‘Bobby James’…

Quelques amies ont contribué leurs lianes favorites.

Rosa helenae a donné une seconde vie spectaculaire à un cerisier mort dans le jardin de Manuela. Le rosier d’Hélène fut dédié à sa femme par le botaniste Ernest Wilson, qui le découvrit en Chine vers 1900. Il s’agit donc bien d’une espèce naturelle et pas d’un cultivar. Parfumé et pouvant atteindre 6m de haut, helenae est réputé pour ses magnifiques baies à l’automne.

Détail de Rosa helenae

Rosa ‘Lykkefund’ est un hybride de Rosa helenae qu’ont choisi Yukiko et Elisabeth. Il s’agit d’un très beau cultivar de helenae, peu courant, d’une couleur tendant vers le crème. Le producteur est le rosiériste danois Olsen et le nom signifie ‘heureuse trouvaille’.

Détail de Lykkefund

‘Seagull’ (la mouette) est un des plus vigoureux avec d’énormes corymbes de fleurs blanches aux étamines jaunes bien visibles. Ici idéalement planté en liberté chez Yukiko. Ces rosiers lianes sont très précieux pour les oiseaux qui aiment y construire des nids, et pour les abeilles.

J’ai planté ‘Francis Lester” dans un vieux pommier au feuillage pourpre qui devient maladif en été. L’association offre un triple intérêt: la floraison rose foncé du pommier au printemps, la floraison de la rose en juin et de ravissantes grappes de petites baies rouges qui se maintiennent tout l’hiver et sont une aubaine pour les décorations de Noël.

Détail de’ Francis Lester’

‘Bobby James’, un grand classique, ici lancé à l’assaut d’un Catalpa moribond à l’automne de 2015. Ce type de rosier met un an ou deux pour démarrer, ensuite on ne l’arrête plus.

Détail de ‘Bobby James’

Paul’s Himalayan Musk couvrant une aubépine chez Catherine. Les fleurs sont des rosettes semi-doubles, rosées et légèrement parfumées.